Sommet difficile entre la Chine et les Etats-Unis

Par Virginie Mangin, à Pekin  |   |  587  mots
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Les deux partenaires se sont rencontrés deux jours durant, dans le Sud de la Chine. Sur fond de crise et d'année électorale américaine, le climat a été particulièrement tendu.

Officiellement les deux journées de négociations qui se sont tenues à Chengdu dans le sud de la Chine entre les deux premières puissances mondiales ont été "un succès".

Cette rencontre annuelle appelée "commission conjointe sur le commerce" se tient une fois par an. Elle traite des grands dossiers commerciaux ? protection de la propriété intellectuelle, accès au marché -- entre la Chine et les Etats-Unis. John Bryson, secrétaire au Commerce américain a dit que il y avait eu des avancées sur les grands dossiers. Mais il a admis que les négociations avaient été "dures" et qu?il restait "du travail à faire".

Très concrètement les Etats-Unis aimeraient doper leurs exportations vers la Chine. Le président Barack Obama, qui vient de conclure une visite de neuf jours en Asie, a fait des exportations américaines un des axes de la future croissance américaine. Il s?est engagé à les doubler d?ici 2014 et a répété l?importance que devait avoir le continent asiatique pour atteindre ses objectifs.

La Chine de son coté souhaite recevoir le statut d?économie de marché, ce qui lui permettrait d?éviter les procès anti-dumping en série.

Elle espère aussi promouvoir ses produits high-tech dont elle estime qu?ils sont injustement bannis du sol américain. Elle milite également pour ouvrir les portes aux investissements chinois aux Etats-Unis. Les thèmes ne sont pas nouveaux mais depuis un mois les tensions sont palpables des deux côtés. Et il n?est pas sûr que le sommet sur fond de crise économique et d?année électorale aux Etats-Unis ait réellement apaisé les choses et sera suivi de grandes d?actes concrets.

Le président américain est sous pression chez lui pour obtenir des engagements de la partie chinoise pour réévaluer de sa monnaie. Le sujet épineux, qui avait été un moment relégué au deuxième plan est donc à nouveau sur la table. Même si officiellement les négociations à Chengdu ne devaient pas porter sur les changes, il aura été très difficile d?éluder la sous-évaluation du yuan. Un thème qui irrite au plus haut-point les américains, puisqu'ils lui donnent la responsabilité du déficiat commercial abyssal entre les deux pays. Soit 273,1 milliards de dollars en 2010, au profit de la Chine.

Les dernières rencontres de Barack Obama avec les officiels chinois ont été particulièrement tendues. Lors de sa tournée asiatique, le président américain a ouvertement dit que la Chine ne faisait pas assez pour laisser apprécier sa monnaie. Il en a également profité pour appeler son homologue chinois Hu Jintao à "jouer selon les règles".

La presse et les éditorialistes chinois sont aussitôt montés au créneau et accusent les Etats-Unis de faire de la Chine leur bouc émissaire.

Le vice-Premier ministre Wang Qishan, présent à Chengdu, a quant à lui dit lundi que l?économie mondiale était dans un piètre état.

C?est la première fois qu?un officiel s?exprime aussi ouvertement sur la situation économique mondiale. "Une reprise déséquilibrée est mieux qu?une récession équilibrée", a-t-il dit, ce qui laisse supposer que sur le court terme du moins la Chine va mettre sa croissance économique au premier plan de ses préoccupations. Un message à peine voilé pour dire que la réévaluation du yuan n?est pas à l?ordre du jour.