La France boycotte le pétrole iranien

Par latribune.fr, avec AFP  |   |  386  mots
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La France va arrêter d'acheter "à titre national" du pétrole à l'Iran, a déclaré jeudi le ministère français des Affaires étrangères. Mais Téhéran affirme que la France n'importe pas de pétrole à l'Iran.

"L'interruption des achats de pétrole iranien fait partie des mesures proposées par la France à ses partenaires. Nous l'appliquerons à titre national", s'est borné à dire, lors d'un point-presse, le porte-parole du ministère, Bernard Valero, à qui il était demandé si le gouvernement avait donné instruction à Total d'interrompre ses activités avec l'Iran.

Lundi, alors que Londres, Washington ou Ottawa annonçaient des mesures concrètes contre l'Iran accusé de vouloir acquérir l'arme atomique, le président Nicolas Sarkozy avait proposé à l'Allemagne, au Canada, aux Etats-Unis, au Japon et au Royaume Uni "de geler dès à présent les avoirs de la Banque centrale d'Iran et d'interrompre les achats de pétrole iranien". Il avait ajouté en avoir saisi aussi l'Union européenne.

Depuis, les autorités françaises, malgré de multiples demandes, n'ont fourni aucune indication sur les avoirs que détiendrait cette banque centrale en France, pas plus que sur ce que représente les achats de pétrole iranien.

Selon les chiffres 2010 du département américain de l'Energie (EIA), si l'essentiel des exportations iraniennes de pétrole va vers l'Asie (22% pour la Chine, 14% pour le Japon, 13% pour l'Inde), l'UE en récupère 18%, tandis que 7% vont à la Turquie et 4% à l'Afrique du Sud. Au sein de l'UE, le pétrole iranien va à l'Italie pour 7%, à l'Espagne pour 6% et à la France pour 2% avec 49.000 barils par jour, selon l'EIA.

La France importe-elle vraiment du pétrole irannien ?

Mais l'Iran a affirmé vendredi qu'il n'exportait pas vers la France de pétrole brut susceptible d'être visé par les sanctions envisagées par Paris. "La compagnie pétrolière nationale iranienne n'exporte pas vers la France de pétrole brut susceptible d'être visé par des sanctions", a déclaré le patron de cette société (NIOC), Ahmad Qalebani, cité par l'agence de presse semi-officielle Mehr.

Total, qui ne produit plus de brut dans le pays (le groupe n'a qu'une petite activité de lubrifiant en joint venture avec une société iranienne), a acheté 45 millions de barils de pétrole en 2010, soit l'équivalent d'environ 123.000 barils par jour, pour un montant de plus de 2,5 milliards d'euros. Ce qui signifie que l'activité trading de Total a acheté l'an dernier environ 5,5% des exportations de pétrole iranien. Total a cessé depuis mi-2010 les ventes de produits raffinés à l'Iran.