Les sacrifices budgétaires se poursuivent en Irlande

Par latribune.fr avec AFP  |   |  546  mots
Enda Kenny, le premier ministre irlandais (Copyright Reuters)
Les Irlandais, cités en exemple pour leurs sacrifices depuis qu'ils bénéficient d'un plan massif d'aide internationale, ont été avertis que la rigueur allait se poursuivre, voire s'intensifier, à l'occasion de la divulgation d'un quatrième budget d'austérité d'affilé depuis l'effondrement en 2008 de l'ancien "tigre celtique".

Ce budget de rigueur prévoit 2,2 milliards d'euros de nouvelles économies, dont près de la moitié prélevés sur les budgets sociaux et de l'éducation, a expliqué devant le parlement le ministre chargé des dépenses publiques, Brendan Howlin. Les allocations familiales seront ainsi dégressives à partir du troisième enfant, et les primes pour le chauffage versées aux bas revenus seront réduites.

Dans une allocution télévisée solennelle dimanche soir, le Premier ministre Enda Kenny avait tenté de préparer le terrain. "Le budget 2011/2012 va être rigoureux, mais il n'y a pas moyen d'y échapper", avait-il assuré.

Il avait alors annoncé pour 3,8 milliards d'euros de mesures d'austérité supplémentaires, via de nouvelles coupes budgétaires et de nouveaux impôts. Le volet recettes, présenté mardi aux députés, prévoit notamment une hausse de la TVA.

En pleine crise de la zone euro, ce nouveau tour de vis pourrait avoir des conséquences sur toute l'Union européenne: il ne peut qu'alimenter le ressentiment des Irlandais à l'encontre de l'UE, au moment où l'hypothèse d'un référendum refait surface à l'occasion des projets franco-allemands d'une modification du traité de Lisbonne.

"L'Irlande soutient l'idée d'une gouvernance économique plus forte en Europe et notamment dans la zone euro. Car le peuple irlandais paye aujourd'hui l'absence de telles règles", a assuré Kenny alors que Howlin a reconnu pour sa part que la "colère de la population était grande".

En novembre 2010, l'Irlande, au bord du naufrage à cause de la faillite de son secteur bancaire, avait dû signer un plan d'aide d'urgence de 85 milliards d'euros avec le Fonds monétaire international (FMI) et l'UE, devenant le second pays à bénéficier d'une telle aide après la Grèce.

Le gouvernement avait annoncé dans la foulée un programme d'austérité de 15 milliards d'euros en quatre ans, dans l'espoir de venir progressivement à bout d'un déficit abyssal (32% du PIB en 2010).

Le "Tigre celtique" n'est pas tiré d'affaires

Malgré une réelle amélioration de ses performances macroéconomiques, l'Irlande est loin d'être tirée d'affaire, a expliqué le Premier ministre à ses concitoyens. "J'aimerais vous dire que le pire est derrière nous", mais "pour la plupart d'entre vous, ce n'est tout simplement pas la réalité", leur a-t-il dit, alors que le chômage touche plus de 14% de la population en dépit d'un redémarrage de la croissance.

Dimanche soir, le premier ministre a assuré aux Irlandais que son objectif était que le pays "retrouve toute sa souveraineté économique". Malgré les pressions de Paris et Berlin, le gouvernement a tenu bon sur le maintien à 12,5% de l'impôt des sociétés, très attractif pour les multinationales.

L'opposition a critiqué le "manque de vision" du gouvernement. Gerry Adams, leader du Sinn Fein, parti largement eurosceptique, lui a reproché de ne pas apporter aux Irlandais "les motifs d'espoir" qui permettraient de justifier les sacrifices réclamés.

Depuis la conclusion du plan d'aide international, Dublin a reçu plusieurs satisfecits du FMI et de l'UE pour la mise en oeuvre "résolue" de son programme d'austérité. Pour la chancelière allemande Angela Merkel, l'Irlande est même devenue un "superbe exemple" d'un sauvetage bien mené.