Noyer : plus d'argent pour aider les banques, mais pas pour les Etats

Par Stanislas Jourdan  |   |  366  mots
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Selon Christian Noyer, la Banque centrale européenne (BCE) se tient prête à augmenter son soutien aux banques commerciales, mais ne doit pas continuer à soutenir les gouvernements en difficulté.

Lors d'une conférence à Paris ce lundi, Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France et membre du conseil des gouverneurs de la BCE, a estimé que de grands programmes de rachats d'obligations souveraines par l'institution de Francfort allaient toujours "bien au-delà de son rôle de prêteur en dernier ressort".

Un rôle que la BCE ne rechigne pourtant pas à prendre quand il s'agit... de sauver les banques. A cet égard, Noyer a de nouveau assuré lundi que la BCE interviendra pour endiguer les crises de liquidité qui affectent la stabilité des banques européennes et maintenir la stabilité des prix à moyen terme.

Depuis le début de la crise des dettes souveraines, la BCE n'a pas cessé d'augmenter son soutien au secteur bancaire européen, en abaissant ses taux et en refinançant toujours plus les banques, et à des conditions de plus en plus favorables.

En octobre, les banques françaises ont ainsi emprunté plus de 100 milliards d'euros auprès de la BCE, soit le plus haut niveau depuis 2010. A l'échelle de la zone euro, ces opérations représentaient environ 640 milliards d'euros de prêts de la BCE. A ces montants, il faut également ajouter environ 80 milliards de prêts d'urgence aux banques irlandaises et grecques (les banques chypriotes sont également suspectées d'en bénéficier), via des opérations spécifiques (emergency liquidity assistance) menées par les banques centrales nationales, pour leur propre compte. Ces prêts étant bien sûrs soumis aux taux les plus bas du marché, les taux directeurs.

L'augmentation de la dépendance des banques aux refinancements de la banque centrale témoigne de la défiance des banques européennes entre elles, d'un manque de garanties collatérales de qualité dans le bilan des banques, et globalement d'un assèchement des liquidités. Ce qui n'est évidement pas bon signe, mais témoigne aussi d'un certain paradoxe.

Il faudra en effet expliquer un jour aux citoyens pourquoi, alors que Noyer demande aux gouvernements "la mise en place de réformes budgétaires et structurelles en temps et en heures", les banques, elles, bénéficient de garanties et de refinancements quasiment illimités.