Le scandale des prothèses françaises PIP secoue le globe

Par Fabien Piliu  |   |  555  mots
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Environ 300.000 femmes porteraient des prothèses défectueuses à travers le monde. Imitant la France, le Venezuela financera intégralement leur retrait. Le Brésil pourrait suivre.

En préconisant aux 30.000 femmes concernées de retirer, à titre préventif, les prothèses mammaires fabriquées par la société varoise Poly Implant Prothèse (PIP), la France a crée un précédent. Le coût pour l'assurance-maladie est estimé à 60 millions d'euros. Cette décision inspire désormais certains des soixante pays concernés par cette question sanitaire. De 1991, date de sa création, à 2010, celle de sa liquidation suite à un contrôle tardif de l'Afssaps sur la société entreprises en 2000, PIP aurait vendu environ 300.000 prothèses défectueuses.

Selon le ministère français de la Santé, un certain nombre de ses implants contient un gel silicone inapproprié pour un usage médical et qui pourrait ainsi représenter un risque en cas de rupture de la prothèse, ce qu'a confirmé l'avocat de la société qui produisait également des implants testiculaires et des implants sur mesure. Huit cas de cancer ont été « signalés » chez des patientes ayant eu des prothèses mammaires PIP défectueuses, a également indiqué le ministère de la Santé. Les femmes qui ne souhaiteraient pas d'explantation bénéficieront d'un suivi par échographie mammaire et axillaire - qui se rapporte à l'aisselle - tous les six mois.

Soixante pays concernés

Pour l'instant, aucun des soixante pays concernés n'applique ce principe de précaution aussi rigoureusement que la France. En Europe, le Conseil supérieur de la santé italien a estimé que les prothèses PIP présentaient un risque de rupture et de réactions inflammatoires supérieur à la normale. Il demande aux femmes porteuses de discuter de leur cas avec leur chirurgien. Au Royaume-Uni, Dame Sally Davies, la principale conseillère médicale du gouvernement britannique conseille aux 42.000 femmes concernées de consulter leur chirurgien mais ne préconise pas le retrait des prothèses. « Au vu de ces éléments et dans la mesure où le retrait de ces implants représente un risque en lui-même, nous ne conseillons pas le retrait », a-t-elle expliqué dans un communiqué. Le ministère hollandais de la Santé fait la même recommandation au millier de femmes concernées.

En revanche, cette question de santé publique préoccupe sérieusement les pays d'Amérique du Sud qui absorbaient en 2009 la moitié des exportations de l'entreprise française. Ainsi, au Venezuela, où 40.000 prothèses de marque PIP auraient été implantées, le gouvernement a annoncé mercredi qu'il financerait leur retrait. Au Brésil, l'Agence nationale de vigilance sanitaire (Anvisa) recommande aux 25.000 femmes concernées de rapidement consulter un médecin. Elle n'a pas encore décidé si elle allait également recommander leur retrait comme en France.
 

 

Les prothèses françaises font beaucoup de bruit en Argentine
Quinze mille femmes auraient reçu des prothèses PIP en Argentine, avant leur interdiction d'importation et de commercialisation en avril 2010. Une association s'est constituée pour obtenir des cliniques où avaient été réalisées les opérations qu'elles prennent en charge le remplacement de ces implants. Certaines réclament un dédommagement de l'État. Pour l'heure, le ministère de la Santé se limite à recommander que les patientes se fassent examiner pour déterminer la marche à suivre dans chaque cas. L'association n'écarte pas de porter l'affaire devant la justice.  (Par J.-L. B.)