Zone euro : Christine Lagarde plaide à nouveau pour des moyens supplémentaires

Par latribune.fr, avec Reuters  |   |  601  mots
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Les gouvernements européens doivent renforcer les moyens financiers de leurs mécanismes de soutien aux Etats en difficulté et envisager des mesures de partage des risques tels que les "euro-obligations", a déclaré ce lundi Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international.

Dans un discours devant le Conseil allemand des relations extérieures, à Berlin, la directrice du FMI a souligné que l'économie mondiale se trouvait à "un tournant décisif" nécessitant des réponses rapides et collectives. Dans ce but, a-t-elle dit, les grandes puissance doivent soutenir une augmentation des ressources du FMI pour l'aider à répondre aux besoins de financement mondiaux, qui pourraient atteindre 1.000 milliards de dollars (770 milliards d'euros) dans les années à venir.

"Plus nous attendrons et plus la tâche sera difficile. Il n'est d'autre solution que d'avancer ensemble", a-t-elle dit, selon le texte de son discours. "Il y a une chose que nous devons tous comprendre : c'est que nous nous trouvons aujourd'hui à un tournant décisif. Il ne s'agit pas de sauver un pays ou une région. Il s'agit d'empêcher que le monde ne se laisse happer par une spirale de dégradation économique."

Le FMI a contribué ces deux dernières années au financement de plusieurs plans d'aide à des pays de la zone euro mais, alors que la menace touche désormais de grands pays comme l'Italie, il souhaite augmenter sa capacité de prêt, actuellement estimée autour de 380 milliards de dollars. Les pays de la zone euro se sont mis d'accord pour lui apporter près de 200 milliards de dollars, mais des Etats comme les Etats-Unis, le Canada, la Chine et le Japon sont plus réticents à apporter leur contribution à ce renflouement.

Pour Christine Lagarde, il faut augmenter de 500 milliards de dollars au plus les capacités de prêt du Fonds, en incluant dans ce montant les 200 milliards promis par l'Europe. Et les besoins de financement mondiaux pourraient atteindre 1.000 milliards au cours des prochaines. "Je suis convaincue que nous devons renforcer la capacité de prêt de l'institution", a-t-elle précisé.

Elle a salué les décisions prises par les gouvernements de la zone euro pour renforcer la discipline budgétaire et les mesures mises en oeuvre par la Banque centrale européenne pour fournir des liquidités à long terme aux banques, mais elle a jugé que ces dispositions ne constituaient que des "ingrédients" d'une solution globale. Elle a mis en avant les risques de voir la hausse des coûts de financement de l'Italie et de l'Espagne déclencher une crise de liquidité, ce qui aurait des conséquences désastreuses pour la stabilité de l'ensemble du système.

"Une augmentation substantielle des ressources réelles actuellement disponibles, en passant du FESF au MES, en augmentant la taille de ce dernier et en définissant un calendrier clair et crédible pour sa mise en oeuvre, serait d'un grand secours", a-t-elle ajouté en référence au Fonds européen de stabilité financière créé en 2010 et au Mécanisme européen de stabilité appelé à lui succéder cette année. A propos du MES, elle a précisé que ses moyens, pour l'instant prévus à 500 milliards d'euros, devaient être augmentés mais pas forcément doublés.

Christine Lagarde a appelé les dirigeants européens à compléter le "pacte budgétaire" en préparation par des mécanismes de partage de risques, en évoquant plusieurs options disponibles, parmi lesquelles "l'émission de bons ou d'obligations de la zone euro" ou la création d'un fonds de remboursement de la dette. Dans une référence apparente à l'Allemagne, elle a estimé que pour "beaucoup" de pays, "l'ajustement budgétaire peut être plus graduel", et elle a souligné l'importance d'un assouplissement monétaire "au bon moment" pour répondre au net ralentissement de la croissance et au repli de l'inflation.