Crise espagnole : les Européens cherchent de l'aide auprès du FMI

Par Robert Jules  |   |  725  mots
Christine Lagarde, directrice du Fonds monétaire international (FMI)/AFP
Les Européens se préparent à une éventuelle aide à l'Espagne de plus en plus en difficultés d'autant que le rachat de dettes par la Banque centrale européenne semble exclu et qu'un renforcement des moyens du FMI pour participer à un nouveau sauvetage est loin d'être acquis.

Comme à chaque début de trimestre depuis 2010, la crise de l'euro revient sur le devant de la scène. Et les responsables de la zone euro doivent trouver une solution pour endiguer la contagion de la crise qui revient. En ce moment, c'est l'Espagne qui inquiète, autrement dit la quatrième économie de la zone euro.

Signe des difficultés à venir, des responsables et hauts fonctionnaires européens vont s'envoler cette semaine vers Washington pour convaincre Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international (FMI), de la nécessité pour l'institution d'augmenter ses ressources pour, si besoin, venir soutenir les mécanismes d'aide européens (FESF et MES) dotés de 800 milliards d'euros à partir du 1er juillet prochain.

Le taux espagnol atteint 6,16%

Car après un premier trimestre plutôt calme, les taux espagnols à 10 ans sont repartis en flèche. Ce lundi, ils ont grimpé jusqu'à 6,16%, se rapprochant des 7% qui avaient entraîné une demande d'aide dans les cas de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal. Ceux de l'Italie ont atteint lundi 5,52%, après avoir atteint 5,69% en fin de semaine dernière. L'Espagne subira un nouveau test crucial le 19 avril, date à laquelle il est en effet prévu une adjudication d'obligations du Royaume à 2 ans et 10 ans.

Or la marge de man?uvre est réduite. En effet, la Banque centrale européenne (BCE) tire un bilan mitigé des 1.000 milliards d'euros à 1% prêtés aux banques de la zone euro pour reconstituer leurs fonds propres et acheter de la dette de leurs pays. Si cette opération a fonctionné un certain temps, elle atteint ses limites, les banques concernées, espagnoles et italiennes, se retrouvent dans la situation où elles achètent un papier qui a des chances de se déprécier ce qui en retour pèsera sur leur bilan. C'est comme remplir un seau percé dont le trou s'élargit.

Le rachat de dettes par la BCE n'est pas à l'ordre du jour

En outre, la perspective que la BCE rachète des dettes directement sur le marché obligataire secondaire s'éloigne, n'en déplaise aux candidats aux élections présidentielles françaises. Cette option avait été évoquée par Benoit Coeuré, membre du directoire de la BCE, mais avait été écartée par le gouverneur de la Banque centrale néerlandaise Klaas Knot, qui soulignait qu'elle n'était pas à l'ordre du jour. Au sein de l'institution, en effet, nombre de représentants, les Allemands en tête, refusent une telle option qu'ils jugent contraire à sa mission et qui selon eux ne règlent aucun problème à moyen terme. C'est à chacun des pays à retrouver son équilibre budgétaire. "Le pare-feu (FESF) ne résoudra pas le problème, il faudra réduire la dette et amoliorer la compétitivité" des pays concernés, a répété lundi le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble.

Les Etats-Unis hostiles à un renforcement des moyens du FMI

En attendant et en prévision de difficultés supplémentaires, les Européens se préparent à la réunion des membres du FMI qui se tiendra du 20 au 22 avril, et dont le principal sujet devrait porter sur les ressources du Fonds. Christine Lagarde souhaite un renforcement à hauteur de 600 milliards de dollars pour que le FMI puisse faire face à ses obligations sans problème. Elle a justifié sa demande non seulement par le risque européen mais aussi par celui d'un ralentissement de l'économie américaine et l'impact négatif de la hausse des prix du pétrole. Actuellement, le Fonds dispose d'une capacité de prêt de 400 milliards de dollars. Les Européens n'arrivent pas les mains vides. Ils ont proposé de contribuer à hauteur de 150 milliards de dollars pour ce renforcement des finances du FMI.

S'ils peuvent compter sur le Brésil ou le Mexique, certains pays comme le Japon sont plus circonspects tandis que d'autres, comme les Etats-Unis, qui a un droit de veto de facto au FMI, y sont opposés au motif que la crise européenne devrait être résolue par les ressources propres de l'Union  Le secrétaire au Trésor américain considère en effet que le FMI a déjà fait suffisamment en participant aux sauvetages de la Grèce (par deux fois), de l'Irlande et du Portugal, en prêtant au total 386 milliards d'euros.