Les dossiers brûlants qui attendent le futur gouvernement algérien

Par Hamid Guemache, à Alger  |   |  509  mots
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Les élections législatives ont donné une majorité aux partis de l'Alliance présidentielle. Mais le nouveau gouvernement va devoir impérativement répondre aux urgences, en particulier le chômage des jeunes et la crise du logement, et établir les conditions pour diversifier une économie trop dépendante de la rente des hydrocarbures.

Les Algériens ont élu jeudi leurs députés à l'Assemblée populaire nationale (APN, chambre basse du Parlement). Les partis de l'Alliance présidentielle, au pouvoir depuis 2004, ont remporté, sans surprise, la majorité des 462 sièges de l'APN. Le Front de libération nationale (FLN, conservateur), ex-parti unique, a obtenu à lui seul 220 sièges.

Lutter contre le chômage des jeunes

Le futur gouvernement, qui sera désigné à l'issue de ce scrutin, aura pour tâche, dans l'immédiat, de favoriser la création d'emplois pour lutter contre le chômage endémique parmi les jeunes, d'améliorer les conditions de vie de la population, de réduire la crise du logement et de lutter contre l'économie informelle qui représente 40% de l'activité du pays. Des fléaux qui menacent sérieusement la stabilité sociale.

A terme, le gouvernement algérien doit travailler à la diversification de l'économie trop dépendante de la rente pétrolière et gazière, de relancer l'investissement national et étranger. Les experts économiques prévoient une forte diminution des revenus pétroliers à partir de 2020, date de l'entrée en vigueur de la zone de libre-échange entre l'Algérie et l'Union européenne (UE).

Diversifier l'économie, une priorité

Pour les patrons algériens, il y a une seule priorité : la diversification de l'économie afin de réduire l'écrasante dominination du secteur des hydrocarbures qui représente 98% des recettes en devises de l'Algérie. « La menace n'est pas très lointaine. Si on ne fait pas de découvertes d'hydrocarbures importantes, on sera importateur, sans ressources pour acheter à l'international, dans 15 ans », reconnaît le premier ministre Ahmed Ouyahia. « La rente pétrolière va commencer à diminuer à partir de 2020, avertit l'ancien PDG du groupe pétrolier public Sonatrach, Abdelmajid Attar. C'est le moment de commencer à 'investir une bonne partie de cette rente dans la transition énergétique qui interviendra entre 2025 et 2030 ».

Améliorer le climat des affaires

Pour mener une telle diversification, le gouvernement doit améliorer le climat des affaires très mauvais et rendre le pays attractif aux investisseurs étrangers. Ces derniers boudent le pays en raison notamment de l'instabilité juridique et de la bureaucratie tatillonne de l'administration locale.

Parmi les grands projets d'investissement en instance figure l'implantation d'une usine Renault en Algérie. En négociation depuis plusieurs années, ce projet illustre l'incapacité de l'Algérie à attirer de grands investissements étrangers en dehors des hydrocarbures. Les patrons se plaignent de l'incapacité du régime à se séparer de la rente pétrolire, mais ils restent prudents sur le changement.

Le risque de l'instabilité

« Franchement, je ne suis pas très chaud au changement radical et brutal. Nous risquons de sombrer dans l'instabilité. La stabilité est très importante pour l'économie. Le pouvoir a bien compris qu'il faut réformer et changer les choses », estime le patron d'un groupe agroalimentaire. Mercredi, le président Bouteflika avait laissé entendre que sa génération vieillissante était prête à céder le pouvoir à une nouvelle génération.