La Fed s'inquiète de la "falaise budgétaire" américaine

Par latribune.fr (avec agence)  |   |  390  mots
Copyright Reuters
La réserve fédérale américaine (Fed) fait état dans ses minutes publiées mercredi d'un "risque important" lié à la gigantesque dette publique américaine. Celle-ci pourrait acculer le pays dans une situation inextricable, comparée à une "falaise".

 Le répit fut bref. Outre-Atlantique, le vent de panique lié au plafond de la dette à l'été 2011 semble se lever à nouveau. Les dirigeants de la réserve fédérale américaine (Fed) voient dans "la possibilité d'un brusque assainissement des finances publiques aux Etats-Unis" un "risque important". C'est ce qu'indiquent les minutes de la réunion du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale (FOMC) des 24 et 25 avril publiées mercredi.

Sur l'échelle du risque de la Fed, cette éventualité vient après la menace "considérable" que font peser les "tensions sur les marchés financiers mondiaux", soit: la crise de la dette européenne et ses conséquences financières. Si les inquiétudes exprimées par la Réserve fédérale sur l'Europe ne sont pas nouvelles, c'est la première fois que les minutes insistent de la sorte sur ce que les américains appellent désormais la "falaise budgétaire" ("fiscal cliff"). Cette image renvoie à la gravité de la situation à la fin de l'année si aucun accord n'est entériné d'ici là au Congrès sur la façon de réduire la dette publique, qui représente environ 100% du PIB américain.

Contexte électoral
Ce sujet est un point de désaccord profond entre le camp démocrate du président Barack Obama et l'opposition républicaine, qui dispose d'un pouvoir de blocage au Capitole. Sans accord, un certain nombre de mesures de relance et de réductions d'impôts expireront en même temps qu'entreront en vigueur des baisses automatiques des dépenses publiques. Selon les estimations, la baisse de la contribution économique de l'Etat qui résulterait de cette contraction budgétaire pourrait être comprise entre 3 et 5% du PIB américain.
Alors que la croissance américaine tourne aux alentours de 2,2%, sans véritable perspective d'amélioration nette à court terme, la probabilité d'un retour à marche forcé vers l'équilibre budgétaire aux Etats-Unis inquiète. A l'issue de sa réunion d'avril, la Fed avait indiqué qu'elle comptait apporter encore longtemps un soutien important au redressement économique du pays. Son président, Ben Bernanke, avait cependant averti que "la profondeur de la falaise budgétaire [était] telle" que la banque centrale n'aurait "absolument" aucun moyen d'en "compenser les effets sur l'économie".