Moscovici fait baisser la cote des eurobonds

Par latribune.fr  |   |  481  mots
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Le ministre français de l'Économie et des Finances admet que la France aura du mal à imposer la création d'eurobonds. Notamment parce que le gouvernement allemand y reste fortement hostile.

Ce n'est certes pas l'aveu d'un recul, mais... A l'occasion d'une conférence de presse suivant sa première rencontre avec son homologue allemand, Wolfgang Schaüble, à Berlin, le nouveau ministre français de l'Economie et des Finances, Pierre Moscovici, a commencé à battre en retraite au sujet des « eurobonds ». "Pour nous (Français), c'est une idée forte, mais encore une fois, nous ne pouvons pas l'imposer", a-t-il déclaré ce lundi  après midi. Or François Hollande a toujours fait de ces eurobonds une des conditions d'un accord sur les traités en Europe....
Ces obligations européennes seront l'un des principaux sujets de débat lors du sommet informel de la zone euro prévu mercredi à Bruxelles. Le gouvernement allemand refuse leur création. Il y voit une « mutualisation des dettes » qui conduirait à réduire « artificiellement » le taux payé par les pays laxistes sur le plan budgétaire et à augmenter le taux des pays orthodoxes sur le plan budgétaire. Ainsi, dans l'esprit de la plupart des économistes allemands et du gouvernement fédéral, les « euro-obligations » reviendraient à faire payer la prime de risque des mauvais élèves par les bons élèves. Selon l'institut Ifo de Munich, l'Allemagne pourrait payer plus de 50 milliards d'euros par an d'intérêts en plus, si on lançait les euro-obligations. Par ailleurs, Berlin refuse de garantir les excès des autres pays par un produit de dettes qui mêleraient des qualités différentes. En cas de défaut de la Grèce par exemple, ce serait aux autres pays dont l'Allemagne de payer les investisseurs. Selon Berlin, ce serait une atteinte à la règle de l'interdiction de renflouer un pays de la zone euro et ceci conduirait à encourager les déficits.

Toute la coalition s'y oppose...

Hier, à Berlin, l'ensemble des politiciens de la coalition d'Angela Merkel sont d'ailleurs partis à l'offensive contre les eurobonds. « Actuellement, ce serait retirer la pression sur les efforts d'ajustement des économies européennes », a expliqué ce lundi le secrétaire d'Etat aux Finances, Steffen Kampeter (CDU) . « Nous avons besoin du pacte budgétaire, nous avons besoin de discipline budgétaire, nous avons besoin d'investissements du futur, nous avons besoin d'une politique commune de l'offre », a-t-il conclu. De son côté, le secrétaire général du parti libéral FDP, Patrick Döring, a estimé que les euro-obligations seraient « nuisibles ».

... contre l'avis de Bruxelles

Les eurobonds, qui ont été recommandés par la Commission européenne comme une voie de sortie vers la crise, sont une des poches de crispation entre Paris et Berlin. En repoussant par la voix de Pierre Moscovici leur mise en ?uvre à plus tard, au lendemain d'un discours très ferme de François Hollande, le nouveau gouvernement français lâche un peu de lest pour tenter d'arracher un accord sur la renégociation du pacte budgétaire.