La menace d'une attaque israélienne sur l'Iran s'éloigne

Par Pascal Lacorie, à Jérusalem  |   |  547  mots
Yukiya Amano, directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à son arrivée mardi à l'aéroport de Vienne (Autriche) en provenance de Téhéran, à la veille d'une réunion internationale sur le dossier du nucléaire iranien qui se tiendra à Bagdad (Irak)/Copyright AFP
L'option militaire contre Téhéran et son programme d'enrichissement nucléaire, qui prévalait pour le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, n'est plus à l'ordre du jour, en raison du scepticisme dans son propre camp et de l'opposition de Barak Obama en campagne pour sa réélection.

La menace d'une attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes susceptible de propulser les prix du pétrole à des hauteurs vertigineuses se dissipe, du moins pour le moment. Peu avant la réunion mercredi du groupe dit des 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne, France et Allemagne), des responsables israéliens se disent bon gré mal gré disposés à laisser une chance à un accord qui pourrait être conclu avec Téhéran lors d'une réunion à Bagdad. Officiellement, le ton est toujours aussi pugnace. Benjamin Netanyahu , le Premier ministre, réaffirme que l'Iran cherche "à gagner du temps afin de tromper la communauté internationale comme la Corée du Nord l'a fait pendant des années".

Benjamin Netanyahu craint une levée des sanctions internationales

"Le but des négociations devrait être très clair : geler toute activité d'enrichissement d'uranium à l'intérieur de l'Iran, sortir d'Iran tout le matériau nucléaire enrichi et démanteler l'installation nucléaire souterraine près de Qom (une localité au centre de l'Iran)", ne cesse de proclamer Benjamin Netanyahu. Pour lui, le danger serait de voir la communauté internationale lever les sanctions qui paralysent l'économie iranienne à l'approche du 1er juillet date d'entrée en vigueur du boycottage européen du brut iranien en échange de vaines promesses, autrement dit de lâcher la proie pour l'ombre.

Moshé Yaalon, vice-Premier ministre et proche de Benjamin Netanyahu, a évoqué lundi ce scénario, "l'Iran est sans doute prêt à céder un pion dans ce jeu d'échecs pour défendre son roi", en l'occurrence son programme nucléaire. Mais cet ancien chef d'état-major a établi une subtile distinction. "Si les Iraniens acceptent de ne plus enrichir de l'uranium à 20% et ferment leurs installations souterraines d'enrichissement comme le proposent les grandes puissances, il ne s'agira pas d'un accord final, mais d'un arrangement intérimaire qu'il faudra tester dans les prochains mois", a expliqué Moshé Yaalon.

Le Premier ministre israélien ne peut se permettre de défier Barak Obama

Ehud Barak, le ministre de la Défense, a lui aussi évoqué récemment la possibilité qu'Israël accepte que l'Iran conserve une partie de son uranium faiblement enrichi. Bref, le scénario de raids aériens israéliens comme ceux lancés en 1981 contre la centrale nucléaire irakienne construite par la France près de Bagdad, ne paraît plus d'une brûlante actualité. Selon la plupart des commentateurs, Benjamin Netanyahu ne peut se permettre de défier Barack Obama, qui risque d'être réélu en novembre pour un nouveau mandat aux Etats-Unis, en se lançant dans une aventure militaire dont le grand allié américain ne veut à aucun prix.

Pour faire passer la pilule, le président américain a multiplié les "cadeaux" sous forme d'une augmentation de l'aide militaire annuelle à l'Etat hébreu, qui atteint déjà 3 milliards de dollars en finançant par exemple l'achat par l'armée israélienne de nouvelles batteries de missiles anti-missiles. Comme l'admet Moshé Yaalon, l'option militaire ne "vient plus qu'en dernier", et ce d'autant qu'au sein même d'Israël, l'état major, le Mossad, les services de renseignements, ainsi qu'une bonne partie des ministres sont opposés à une attaque contre l'Iran sans un feu vert préalable de Washington.