Méditerranée : Israël renforce son dispositif militaire autour de ses gisements de gaz

Par latribune.fr  |   |  674  mots
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu Copyright Reuters
Les récentes découvertes récentes de gisements de gaz en Méditerranée ont accru les tensions dans la région du Proche-Orient. Israël déploie sa Marine de guerre pour protéger ses réserves de gaz naturel en mer Méditerranée.

Avant même de commencer à exploiter les énormes réserves de gaz naturel découvertes au large de son territoire, Israël renforce son dispositif militaire et naval pour les protéger de ses voisins en Méditerranée. "La zone à protéger est immense et notre stratégie consiste à cumuler présence et capacité de dissuasion à grande échelle. Les intérêts stratégiques d'Israël sont en jeu, et notre gouvernement le comprend parfaitement", explique à l'AFP un haut gradé de la marine israélienne sous couvert de l'anonymat. "Nous ne sommes pas encore prêts pour cette mission, car notre flotte est avant tout conçue pour des batailles navales et il va falloir mettre en place une nouvelle force ainsi qu'un plan opérationnel répondant à toutes les menaces potentielles", reconnaît-il.

Selon une carte militaire obtenue par l'AFP, la zone économique exclusive (ZEE) d'Israël s'étire, dans le nord, jusqu'à 129 km au large de Rosh Hanikra, près de la frontière libanaise, et dans le sud, jusqu'à 204 km au large d'Ashkelon, aux confins septentrionaux de la bande de Gaza. Soit une superficie de 44.000 km, deux fois plus étendue que celle du territoire israélien. Avec l'exploitation du gisement de "Tamar" à compter de 2013, et celui du "Leviathan" annoncé pour 2017, Israël disposerait de réserves de gaz offshore évaluées à près de 700 milliards de m3, soit plusieurs dizaines d'années de ressources énergétiques et un pactole de dizaines de milliards de dollars qui constituent une cible de choix pour ses ennemis.

L'armée israélienne sur le pied de guerre

Un budget de trois milliards de shekels (620 millions d'euros) a déjà été prévu par le ministère de la Défense pour mettre en place un réseau défensif baptisé "Bouclier" autour des plateformes gazières, selon les médias israéliens. De même source, Israël compte acquérir quatre nouveaux bâtiments de guerre dotés de radars très performants et d'un système antimissiles mer-air de type "Barak", dans le cadre d'un dispositif mobilisant des centaines de militaires supplémentaires qui sera complété par des drones de surveillance et des patrouilleurs. Le ministre de la Défense, Ehud Barak, et le chef d'état-major, le général Benny Gantz, ont d'ores et déjà approuvé ce plan, toujours selon les médias.

"Les gisements gaziers découverts au large de nos côtes contraignent la marine à étendre considérablement sa zone opérationnelle en Méditerranée et cela suppose des moyens et des préparatifs accrus", a indiqué sans autre précision l'armée israélienne dans un communiqué. "Nos plateformes peuvent être visées aussi bien par des roquettes Grad tirées depuis la bande de Gaza que par des missiles Scud lancés à partir du Liban. Il s'agit d'un risque sécuritaire majeur pour les cinq ans à venir", a estimé un expert en conseil énergétique, Amit Mor, en marge d'un récent colloque organisé à Tel Aviv par l'Institut d'études de sécurité nationale (INSS). Le Hezbollah chiite libanais a déjà menacé de s'attaquer aux intérêts économiques d'Israël en Méditerranée, avertissant qu'il ne tolérerait pas "le pillage" des ressources en hydrocarbures au large du Liban.

De nouvelles tensions régionales

Israël et Chypre, qui dispose également de larges réserves gazières, ont établi leur frontière maritime par un accord signé le 17 décembre 2010 afin de poursuivre la prospection d'éventuels gisements sous-marins. Mais le tracé de cette frontière présenté à l'Onu en juillet 2011 a provoqué la colère du Liban, qui en avait proposé un autre, moins favorable à Israël, un an auparavant. La Turquie, qui occupe la partie nord de l'île chypriote, s'oppose également aux forages réalisés par Israël et la République de Chypre, seule reconnue internationalement, arguant qu'ils lèsent les Chypriotes-Turcs habitant la zone occupée, exclus des bénéfices de ces gisements.