Chine-Japon : le commerce pâtit du bras de fer diplomatique sur les îles

Par Robert Jules, avec Bloomberg  |   |  451  mots
Des manifestants protestent contre la décision du Japon de nationaliser les îles Diaoyu (Sensaku pour le Japon), dans la ville de Chengdu, dans la province du Sichuan, ce mardi. Copyright Reuters
Face à des protestations de plus en plus violentes en Chine, les entreprises japonaises optent pour la fermeture temporaire de leurs unités de production, avec à la clé des conséquences dommageables pour les échanges commerciaux entre les deux pays, qui ont triplé en dix ans pour atteindre quelque 260 milliards d'euros.

L'escalade des tensions diplomatiques entre la Chine et le Japon après que ce dernier ait nationalisé certaines îles (appelées Senkaku au Japon et Diaoyu en Chine) de la mer de Chine, que Pékin revendique comme partie de son territoire est en train de se déplacer sur le terrain commercial.

Manifestations violentes

Les manifestations nationalistes de plus en plus violentes des Chinois contre des unités de production d'entreprises japonaises sur le sol chinois pour protester contre la décision de Tokyo a conduit à la fermeture temporaire de l'activité de ces usines pour raisons de sécurité. Elles pourraient avoir des conséquences négatives pour les échanges commerciaux entre les deux pays qui ont triplé en une décennie pour atteindre quelque 260 milliards d'euros par an.

Ainsi les constructeurs automobiles Toyota, Nissan, Honda ont suspendu une partie de leur activité tandis que le géant de l'électronique Panasonic a fait part des dégâts causés par le vandalisme de certains manifestants contre ses magasins et ses unités de production, tout comme Sony et Canon. La chaîne de distribution Fast Retailing a lui aussi décidé de fermer plusieurs dizaines de ses magasins.

La Chine, premier marché pour les exportations japonaises

Pour le Japon, dont la croissance était en train de repartir après l'accident nucléaire de Fukushima, cette dispute pourrait avoir des conséquences plus négatives que pour la Chine. L'année dernière, l'ex-Empire du Milieu était le premier marché pour les exportateurs japonais tandis que l'Archipel n'est que le quatrième marché international pour la Chine, avec un volume d'exportation d'une valeur de 98 milliards d'euros contre quelque 149 milliards d'euros d'importation de biens nippons. Mais du côté chinois, l'impact sera aussi non négligeable, au moment où sa croissance tend à ralentir. Le pays bénéficie de la hausses des investissements japonais. Ainsi, sur les sept premiers mois de l'année, les investissements directs étrangers (IDE) provenant de l'Archipel ont augmenté de plus de 19% par rapport  à la même période de 2012.

Les risques de boycott des produits nippons

Du côté des manifestants chinois, l'appel au boycott de produits japonais pourrait accentuer les dommages économiques pour le Japon. L'ensemble de ces protestations se fait avec l'aval des autorités. Ainsi, le premier moteur de recherche sur Internet en Chine, Baidu, affiche désormais une bannière patriotique sur sa page d'accueil.

En outre, ce mardi 18 septembre est également une date hautement symbolique pour les Chinois. A cette date, en 1931, un attentat contre une voie de chemin de fer appartenant à une société japonaise en Mandchourie du Sud fournit un prétexte au Japon pour envahir la Chine.