Après le PSG, le Qatar s'implante à Gaza

Par Pascal Lacorie, à Jérusalem  |   |  543  mots
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L'émir du Qatar arrive ce mardi à Gaza. Avec des millions de dollars d'investissements à la clé. Une offensive qui inquiète Israël.

La stratégie diplomatico-financière tous azimuts menée du Qatar va franchir mardi une nouvelle étape. L'Emir Hamad Ben Khalifa al-Thani accompagnée de son épouse et d'une importante délégation va effectuer la première visite officielle d'un chef d'Etat d'étranger dans la bande de Gaza depuis près d'un demi-siècle. Un déplacement aux motivations humanitaires, mais aussi politiques. La bande de Gaza est en effet contrôlée depuis 2007 par les islamistes du Hamas qui ont bouté hors de cette région leurs grands rivaux du Fatah, le mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas au pouvoir en Cisjordanie, où l'émir ne s'est jamais rendu.

254 millions de dollars


Sur le front financier, le souverain n'arrive pas les mains vides. Le Qatar va financer une série de projets d'un montant total de 254 millions de dollars. Parmi eux figurent la construction d'une ville nouvelle, portant le nom de l'émir qui comprendra un millier de logements, ainsi que des écoles, des crèches, des dispensaires, des commerces. Le Qatar a aussi sorti le carnet de chèque pour la rénovation des trois principales routes, qui sillonnent la bande de Gaza sérieusement endommagées lors de multiples raids israéliens ainsi que pour le construction d'un hôpital spécialement chargé de la rééducation des Palestiniens blessés par l'armée israélienne. Bref, de quoi fournir du travail pour des milliers d'habitants de Gaza, une région déshéritée où le chômage touche plus d'un quart de la population.

Accueil somptueux


Pour remercier leur hôte, les dirigeants du Hamas ont prévu un accueil populaire et décoré toutes les étapes de la visite de l'émir qui entrera dans la bande de Gaza en passant par la frontière égyptienne. Pour ce mouvement islamiste il s'agit en effet d'une percée diplomatique sans précédent. En revanche, pour Mahmoud Abbas soutenu à bout de bras par les Américains et les Européens, le revers est cinglant. Faisant contre fortune bon c?ur pour ne pas se mettre définitivement à dos l'émir ainsi que la chaîne de télévision Al-Jazeera basée au Qatar, le président Abbas s'est félicité en public des projets de l'émirat. Mais en privé l'heure est l'amertume et ce d'autant plus que le Qatar a donné asile à Khaled Mechaal, le dirigeant du Hamas, qui a récemment quitté Damas en Syrie afin de ne plus cautionner les massacres commis par les troupes de Bachar al-Assad.

Inquiétudes en Israël


Pour Israël également la pilule est amère. « Nous trouvons pour le moins étrange que le Qatar ne contente pas de soutenir la cause palestinienne dans son ensemble, mais prenne partie de façon aussi éclatante en faveur du Hamas qui prône la violence au détriment des Palestiniens favorables à des négociations de paix », déplore un haut responsable israélien et d'ajouter, non sans une pointe d'ironie, que les tentatives du Qatar d'étendre son influence « ne se limitent pas à la bande de Gaza mais peuvent aussi se manifester ailleurs, notamment en France dans les banlieues ou dans l'achat de joueurs pour le PSG ».