Tunisie : le gouvernement espère tirer 10 millions d'euros de la vente d'objets de luxe des Ben Ali

Par latribune.fr avec AFP  |   |  571  mots
Vente de objets de luxe ayant appartenu à la famille Ben Ali. Copyright Reuters
Environ cent personnes étaient présentes à l'ouverture de la vente des objets de luxe de l'ancien président Tunisien et de 114 de ses proches, mais le ticket d'entrée reste cher pour une grande majorité de Tunisiens.

Voitures de luxe, fourrures et sacs de grandes griffes françaises, des milliers d'objets ayant appartenu à l'ancien président Ben Ali, sa femme et 114 de ses proches ont attiré une foule hétéroclite, le week-end dernier à Tunis. A tel point que la plupart des hôtels alentours affichent complet. "Nous sommes là par curiosité, pour voir l'étendue de l'arnaque dont ce pays a été victime", explique Mehdi, 25 ans, accompagnant son oncle, un passionné de voitures, à l'ouverture de l'exposition au public dans un hôtel de cette banlieue chic. "Cela ressemble à du voyeurisme", ajoute-t-il, se disant "mal à l'aise devant un luxe insultant pour des Tunisiens plongés dans la misère".

Une Ferrari rouge vif ayant appartenu à Imed, le neveu gâté de Zine El Abidine Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi, et une Porsche cabriolet flambant neuve destinée à leur enfant cadet trônent sous bonne garde à l'entrée de la salle Cléopâtre au décor pharaonique, face à la baie couleur turquoise.

Voitures de luxe

La collection de 39 voitures de luxe, dont une vingtaine seulement était exposée dimanche, intéresse au plus haut point un participant anonyme, venu acheter pour le compte d'un prince d'Arabie saoudite. "Nous avons fait la demande trois fois depuis février, mais nous avons dû attendre cette exposition. Aujourd'hui, nous sommes prêts", confie-t-il.

Autres vedettes de l'exposition organisée par le gouvernement pour un mois mais qui pourrait être prolongée, des Mercedes et BMW de séries limitées, une Lamborghini blanche et une Bentley continental sport. Egalement en vente, une Cadillac blindée mise en circulation six mois avant la chute de Ben Ali en janvier 2011, sous la pression d'une révolte populaire.
Costumes-cravates et ensembles chics côtoient baskets, jeans et blousons dans les salles de l'hôtel. "Environ cent personnes étaient présentes à l'ouverture", se réjouit Affef Douss, organisatrice en chef pour le compte du ministère des Finances, en évoquant "une bonne affluence".

"Le gouvernement espère récolter 10 millions d'euros"

Le gouvernement espère récupérer 10 millions d'euros de la vente de ces biens ayant appartenu à Ben Ali, réfugié aujourd'hui avec sa femme en Arabie saoudite, et à 114 de ses proches. Le régime Ben Ali, premier à être renversé par la vague du Printemps arabe, était gangrené par la corruption et le népotisme.
Mehdi Ben Garbia, un député, explique être venu pour "se faire une idée de la manière dont l'argent du contribuable a été dilapidé". Tout comme les membres du gouvernement, les parlementaires n'ont pas le droit d'acheter.

Les oeuvres d'art, bibelots, meubles et certains tapis seront dans leur écrasante majorité vendus au plus offrant, leur valeur estimée dépassant les 5.000 euros. On trouve notamment des animaux en or massif, des chevaux en cristal, un olivier en argent de 80 cm de haut, des horloges antiques...

15 euros l'entrée

Dans la dernière salle, gardée par des capitaines de la douane, la foule est fébrile devant les effets, fourrures et accessoires de grandes marques françaises, italiennes ou américaines. Les chaussures et sacs de Madame, réputée avide de luxe, sont proposés entre 300 et 1.500 euros, soit deux fois le Smic tunisien pour le moins cher. La vente se déroulera sur un mois, mais le billet d'entrée, à 30 dinars (15 euros), reste beaucoup trop élevé pour une majorité de Tunisiens.