Tunisie : le clan Ben Ali jugé pour ses crimes, mais toujours en fuite

La justice tunisienne se penche sur les crimes commis par l'ancien président et ses proches. Plusieurs procès ont déjà été ouverts au tribunal de première instance de Tunis.Toujours en fuite en Arabie saoudite, Ben Ali et sa famille n'effectueront probablement jamais leurs peines.
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Sept mois après la révolte populaire qui l'a renversé, l'ancien président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali, et les membres de son clan affrontent la justice tunisienne. Mais les procès ont un goût d'inachevé, la plupart des accusés ayant trouvé refuge à l'étranger.

Le 20 juin, Ben Ali et son épouse, Leila Trabelsi, ont été jugés par contumace pour l'affaire "du palais de Sidi Dhrif". Les autorités tunisiennes ont saisi 27 millions de dollars en espèce dans l'enceinte du palais présidentiel. Accusés de détournement de fonds et de biens publics, ils écopent d'une peine de prison de 35 ans et d'une amende de 45 millions d'euros.

Dans la même affaire, Zine El Abidine Ben Ali est inculpé pour détention illégale et trafic de stupéfiants, d'armes et de pièces archéologiques. il est condamné à 15 ans et six mois de prison et à une amende de 54 000 euros. Le juge a ordonné la destruction des stupéfiants, la liquidation des armes au profit de la trésorerie générale et la restitution des pièces archéologiques à l'Institut national du patrimoine.

Le 28 juillet, le président déchu est traduit en justice aux côtés de sa fille, Nesrine, et son gendre, Sakher El Matri, pour deux affaires de fraude financière et immobilière. Accusé notamment d'abus de pouvoir, il aurait permis à sa fille et à son gendre d'acquérir des terrains pour un prix inférieur à leurs valeurs réelles, dégageant de larges bénéfices à la vente. Seize ans de prison pour Ben Ali et son gendre ainsi qu'une amende équivalente aux fonds acquis illégalement, soit 49 millions d'euros. Nesrine Ben Ali écope de huit ans de prison.

Le dernier procès revient sur l'affaire de "l'Aéroport de Carthage". Le 14 janvier, sur le point de fuir, des proches du couple présidentiel ont été arrêtés à l'aéroport pour tentative de quitter le pays, détention illégale de devises étrangères et trafic de bijoux. Parmi les 23 accusés figurent plusieurs frères et s?urs de Leila Trabelsi inculpés pour divers chefs d'accusation. Le juge a aussi interrogé Ali Seriati, ancien chef de la sûreté nationale, sur sa participation à la fabrication de faux passeports et au trafic de devises.

Le tribunal a accordé un report du procès à deux reprises afin de permettre à la défense de mieux étudier le dossier mais a rejeté la remise en liberté des 17 détenus.

L'ancien président, sa famille et ses proches sont aujourd'hui impliqués dans 138 affaires judiciaires, principalement pour abus de pouvoir, corruption financière, fraude immobilière, blanchiment d'argent, homicide volontaire.

Autant de crimes graves qui pourraient rester impunis tant que l'ancien président et sa famille se terrent à l'étranger, vivant aisément d'une fortune colossale accumulée pendant 23 années de règne. Le clan Ben Ali-Trabelsi, une "quasi-mafia" selon les câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks, s'est constitué un véritable empire en faisant main basse sur tous les secteurs florissants de l'économie tunisienne (banque, immobilier, télécommunications, médias, transports).

Selon le magasine tunisien Business News, le salaire mensuel initial de 1.000 euros de l'ancien président est passé à 3.500 euros en 1988, puis à 7.600 euros en 1992 pour culminer à 10.600 euros de 1998 à 2011. Il recevait également une "indemnité sécuritaire" de 8.400 dinars depuis 1992. En 2008, le magasine Forbes estimait à 5 milliards d'euros la fortune personnelle de Ben Ali. Une information difficile à vérifier compte tenu des biens, des fonds et des comptes bancaires détenus à l'étranger ou sous des noms d'emprunt.

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