L'indice Big Mac confirme la réalité de la guerre des monnaies

Par Adeline Raynal  |   |  542  mots
Un Big Mac coûte l'équivalent de 2,57 dollars en Chine, la comparaison avec le prix du même hamburger vendu au Etats-Unis par le biais de l'indice Big Mac permet de déduire que le yen est sous-évaluées.Copyright The Economist
Pour observer de façon ludique l'action des gouvernements sur la monnaie de leur pays, The Economist a mis au point l'indice Big Mac en 1986. En se basant sur le prix de ce hamburger dont la fabrication est standardisée au niveau mondial, il devient possible de comparer la valeurs des monnaies entre elles.

Un Big Mac est l'outil idéal pour éclairer la guerre des monnaies ! Si, si et c'est The Economist qui le démontre encore une fois dans son numéro de février. Le journal anglais a inventé une méthode de comparaison des valeurs des monnaies en 1986 afin de rendre la théorie de la parité des pouvoirs d'achat plus digeste. Il permet d'estimer si les devises sont à un niveau correct les unes par rapport aux autres. Vingt-sept ans après sa création, après avoir été repris dans des manuels d'économie (on parle même de "burgernomics"), l'indice Big Mac est désormais adapté en infographie interactive sur le web.

Surévaluée ou sous-évaluée ?

Le principe : se  fonder sur le prix d'un Big Mac - produit standardisé s'il en est - dans chaque pays, dans le but de comparer la valeur des différentes devises. Un indicateur est calculé pour définir le prix que devrait coûter un Big Mac dans chaque pays en fonction du prix de vente sur place et du Produit intérieur brut (PIB) du pays. La différence entre le prix prévu par l'indice pour chaque pays (compte tenu de son revenu par tête) et son prix réel rend ainsi visible une surévaluation ou une sous évaluation de sa monnaie.

L'indice est conçu selon l'idée que le taux de change à long terme devrait évoluer vers celui qui tendrait à égaliser les prix d'un panier identique de biens et de services (dans le cas présent, un hamburger) dans les pays comparés.

Résultats, pour janvier, on relève par exemple que les monnaies du Venezuela, de la Norvège, de la Suède et de la Suisse s'avèrent particulièrement surévaluées. A contrario, celles de l'Inde, de l'Afrique du Sud, de l'Egypte, de la Russie ou bien sur de la Chine apparaissent comme largement sous-évaluées.

L'infographie interactive disponible sur le site du journal montre quels sont les pays qui agissent sur la valeur de leur monnaie en faisant marcher la "planche à billets" pour inonder l'économie de liquidités et ainsi faire baisser la valeur de la monnaie usuelle. Elle souligne que le niveau de prix n'est pas forcément inférieur dans les pays pauvres, où le coût du travail s'établit plus bas que dans les pays développés.

Comparer dans le temps

A l'heure actuelle, la Chine mais aussi le Japon soutiennent leurs exportations en sous-évaluant volontairement leur monnaie. L'indice Big Mac du mois de juillet 2012, et celui de janvier 2013, permettent une comparaison dans le temps de l'action des Etats sur leur monnaie. Ainsi, si l'on prend l'exemple du pays du Soleil Levant, qui vient de changer sa politique monétaire sous la pression du gouvernement Abe, on constate que le yen était à sa valeur équitable il y a six mois, mais qu'il est aujourd'hui sous-évalué de 19%. Une mauvaise nouvelle pour les concurrents du Japon à l'export.

Au sein de la zone euro, c'est l'effet inverse : alors que l'euro était équitable en juillet, il serait à ce jour surévalué de 12%.

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