Licenciement 2.0 : un restaurant américain vire ses employés par texto

Par Ksenia Smolovic  |   |  415  mots
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Le restaurant Barducci's Italian Bistro, en Floride, a remercié ses employés par texto. Ce type de pratique, déjà observé en France, est toléré par la jurisprudence...à certaines conditions.

Quand il y a de la gêne, il n'y a pas de plaisir... Le 4 juillet, le propriétaire du restaurant Barducci's Italian Bistro, en Floride, ne s'est pas encombré de formalités pour licencier sa douzaine d'employés:  il  leur a envoyé le même texto leur indiquant qu'il devait « malheureusement les informer qu'il [était] dans l'obligation de fermer Barducci's immédiatement ». Les employés ont pu en déduire qu'ils étaient virés. Les raisons de ce licenciement sont encore inconnues et Grégory Kennedy, le propriétaire du restaurant, s'est justifie en estimant que « malheureusement, des commerces sont contraints de fermer chaque jour dans tout Orlando, surtout dans le domaine de la restauration ».

Les employés se disent éc?urés

Les employés, qui n'avaient pas reçu leur dernier mois de salaire, se disent éc?urés par une telle « lâcheté ». Grégory Kennedy, toujours par texto, s'est contenté de répondre qu'il « [travaillait] actuellement à résoudre les problèmes aussi vite que possible, y compris le paiement des derniers salaires ».

De plus en plus de cas similaires sont à signaler dans de nombreux autres pays, dont la France. Ainsi, une société d'aide à la personne à Evreux a licencié ses dix-sept employés en novembre 2012 par le biais d'un texto.

La jurisprudence ne se positionne pas contre l'envoi d'un mail ou d'un texto

La justice a déjà été sollicitée sur ces nouvelles pratiques de licenciement. Le licenciement doit être précédé d'un entretien et l'article L.1232-6 du code du travail prévoit ensuite que « lorsque l'employeur décide de licencier un salarié, il lui notifie sa décision par lettre recommandée avec avis de réception ». Eric Rocheblave, avocat spécialiste en droit du travail, indique néanmoins que la jurisprudence admet d'autres formes de notification, comme l'envoi d'un mail ou d'un texto, dès lors que l'expéditeur montre la preuve de l'expédition et de la réception, et qu'un entretien préalable avait été réalisé. L'expédition doit notamment être prouvée parce que la notification « ne peut être expédiée moins de deux jours ouvrables après la date prévue de l'entretien préalable au licenciement auquel le salarié a été convoqué ».

Enfin, si une procédure de licenciement est jugée illégale, cela ne remet pas en question le licenciement et permet seulement à l'employé d'entamer une procédure pour obtenir des dommages et intérêts.