Après 10 ans de tensions, un accord sur le nucléaire iranien a été trouvé

Par latribune.fr  |   |  1019  mots
Hassan Rohani, le président iranien
Après quatre jours de négociations marathon sur le programme nucléaire de Téhéran, les grandes puissances (Etats unis, la Russie, la Chine, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne ; les 5+1) et l'Iran sont parvenus à un accord au milieu de la nuit de samedi à dimanche à Genève, apportant un espoir de sortir d'une crise qui dure depuis plus de dix ans entre l'Iran et et la communauté internationale.

Historique. Après quatre jours de négociations marathon sur le programme nucléaire iranien, les grandes puissances du P5+1 (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Grande-Bretagne et Allemagne) et l'Iran sont parvenus à un accord dans la nuit de samedi à dimanche à Genève, apportant un espoir de sortir d'une crise qui dure depuis 10 ans entre la communauté internationale et l'Iran.

C'est une "avancée importante pour la sécurité et pour la paix", a salué Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française Laurent Fabius. Cet accord "confirme le droit de l'Iran à l'énergie nucléaire civile, mais exclut de sa part tout accès à l'arme nucléaire", a ajouté le ministre, estimant que Genève constituait une "première étape majeure". Pour la Chine cet accord intérimaire va "aider à sauvegarder la paix et la stabilité au Moyen-Orient". Pour le président des États-Unis Barack Obama il s'agit d'une "première étape importante" mais d'"énormes difficultés" persistaient dans ce dossier. Il aussi assuré que cet accord obtenu à l'arraché à Genève "barre le chemin le plus évident" de la république islamique vers une bombe atomique.

Accord intérimaire de 6 mois 

Les 5+1 et l'Iran ont trouvé un accord intérimaire de six mois, qui apporterait des garanties sur le caractère pacifique du programme nucléaire iranien avec en contrepartie un allégement "limité" de sanctions qui frappent l'économie iranienne.

Selon les Etats-Unis, le groupe P5+1 a imposé des sanctions économiques pour faire pression sur l'Iran afin qu'il interrompe son programme nucléaire, soupçonné par Washington et ses alliés d'avoir des visées militaires, ce que Téhéran dément.

Selon Washington, l'accord desserre l'étau de certaines de ces sanctions en échange d'une révision à la baisse de son programme nucléaire par l'Iran, qui se soumettra à des inspections internationales plus poussées pendant six mois, alors qu'une "solution complète" sera négociée. L'Iran a assuré que son programme d'enrichissement était "reconnu". La Maison Blanche a affirmé pour sa part que l'accord "ne reconnaît pas le droit à l'enrichissement" de combustible par Téhéran.

L'accord selon la présidence américaine, l'Iran:

- a accepté de cesser tout enrichissement d'uranium "à plus de 5% et de démanteler les processus techniques nécessaires pour enrichir à plus de 5%",

- "s'est engagé à neutraliser son stock d'uranium enrichi à près de 20% en le diluant",

- "ne construira pas de nouvelles centrifugeuses à uranium, et interrompra sa progression vers la mise en fonctionnement d'un réacteur dans son usine (nucléaire) d'Arak qui produirait du plutonium",

- "ne construira pas d'usine capable (...) d'extraire du plutonium à partir du combustible usagé"

- "permettra l'accès quotidien de ses sites à des experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et communiquera des données sur le fonctionnement du réacteur d'Arak".

De leur côté, les membres du P5+1:

- consentiront à un allègement des sanctions "limité, temporaire, ciblé et qui pourra être annulé", équivalant à quelque sept milliards de dollars,

- n'imposeront pas de nouvelles sanctions pendant la fenêtre de six mois si l'Iran respecte ses engagements,

- suspendront "certaines sanctions sur l'or et les métaux précieux, le secteur automobile et les exportations pétrochimiques de l'Iran", et permettront "des réparations et des inspections en Iran pour certaines compagnies aériennes iraniennes",

- et débloqueront 4,2 milliards de dollars environ, produits de sanctions sur les ventes de pétrole iranien.

En revanche, la plupart des sanctions américaines, commerciales et financières, resteront en vigueur dans les six mois à venir, comme les sanctions décidées par le Conseil de sécurité de l'ONU.

 Un mauvais accord pour Israël 

Pour Israël cet accord « est un mauvais accord qui offre exactement ce l'Iran voulait: la levée significative des sanctions et le maintien d'une partie significative de son programme nucléaire", a déclaré le bureau du Premier ministre Benjamin Netanayhu. "L'accord permet à l'Iran de continuer à enrichir l'uranium, laisse en place les centrifugeuses et lui permet de produite des matières fissiles pour une arme nucléaire", a déploré le bureau du Premier ministre. "L'accord n'a non plus abouti au démantèlement de la centrale d'Arak", un réacteur à eau lourde situé dans le nord de l'Iran, poursuit le communiqué. "La pression économique à laquelle est soumis l'Iran aurait pu amener à un bien meilleur accord qui aurait débouché sur un démantèlement des capacités nucléaires iraniennes", souligne également le bureau du Premier ministre.

De son côté, le ministre de l'Économie Naftali Bennett a assuré qu'Israël n'était pas lié par l'accord de Genève et avait le droit de se défendre. "L'accord laisse intacte la machine nucléaire iranienne et pourrait permettre à l'Iran de produire une bombe dans une période de six à sept semaines. Israël est prêt à toute éventualité", a déclaré le ministre israélien à la radio militaire.

Pour l'Iran, "le droit à la technologie nucléaire est un droit inaliénable"

S'exprimant devant les journalistes, à l'issue de négociations, le ministre iranien des Affaires Étrangères Mohammad Javad Zarifa a déclaré que l'accord contient une "référence claire selon laquelle l'enrichissement va continuer" en Iran, une question qui a été considérée longtemps comme la principale pierre d'achoppement des négociations. "Nous estimons que c'est notre droit", a ajouté le ministre iranien, qui a été applaudi à son entrée dans la salle de presse par les nombreux journalistes iraniens venus à Genève pour ces négociations. "Notre objectif a été de résoudre cette question nucléaire", car c'était "un problème qui n'était pas nécessaire", a-t-il poursuivi.

Le ministre a encore indiqué qu'il espérait que "la confiance du peuple iranien envers les pays occidentaux" allait être restaurée suite à cet accord. "Le droit à la technologie nucléaire est un droit inaliénable", a encore indiqué le ministre, en ajoutant que le "combat que nous avons mené depuis plusieurs années avait pour but que la communauté internationale reconnaisse" que l'Iran exerce ce droit.