Pourquoi la France doit renouer un dialogue diplomatique et commercial avec l'Iran

Il y avait comme un parfum d\'événement dans la rencontre entre François Hollande et le Président Iranien Hassan Rohani. Sollicité par la partie iranienne depuis plusieurs semaines, l\'entretien réunissait les deux chefs d\'Etat, mardi, en début d\'après-midi au siège des Nations unies. C\'est une rencontre inédite à ce niveau depuis 2005, Jacques Chirac s\'était alors entretenu, à Paris, avec le réformateur Mohammad Khatami.L\'Iran est-il donc devenu à nouveau fréquentable ?Depuis l\'élection à la fois surprise et à l\'ampleur magistrale de Hassan Rohani, les observateurs signalent comme une nouvelle respiration en Iran. La société fatiguée des tensions et des sanctions reçoit des signaux d\'ouvertures internes. De nombreux gestes de rénovation ou d\'apaisement parfois symboliques comme des ministres utilisant un Facebook très populaire en Iran pour communiquer avec les populations, et souvent plus concrets comme les ouvertures faites sur le terrain culturel. Même avec les médias le ton a changé, la géographie des expressions s\'est élargie. Un regain de confiance est sensible, la monnaie iranienne s\'apprécie même par rapport au dollar. L\'espérance de la rue nourrie à l\'interne attend aussi une ouverture extérieure et la levée progressive des sanctions économiques.Durant la campagne Hassan Rohani l\'a martelé à destination des iraniens et du reste du Monde : « je suis différent, venez me voir … je suis pour les négociations ». Leader du changement interne, Hassan Rohani veut aussi incarner un changement dans les relations extérieures et relancer la diplomatie de l\'Iran.Qui gouverne désormais l\'Iran?Est-ce crédible ? Qui gouverne désormais l\'Iran ? Le Guide Suprême est-il en ligne avec cette volonté ?Les titulaires « réels » du pouvoir sont les mêmes qu\'avant l\'élection de Rohani, et rien n\'est organique dans cette intention présidentielle. Le Président ne « voyage » pas seul. Le Guide veut donc reprendre des relations diplomatiques et économiques. Voilà un signal majeur que la France a le devoir d\'exploiter.Si dans cet entretien si rapide, il sera délicat de vérifier la « disponibilité » iranienne à avancer sur les enjeux du contentieux. Dans celui du nucléaire, la volonté iranienne étant de pouvoir avoir le droit d\'enrichir, la question de l\'occident est de savoir jusqu\'où ? On voit bien que le sujet demeurera complexe. L\'enjeu de la Syrie et de la région où l\'Iran veut et peut jouer un rôle stabilisateur pourrait ouvrir des perspectives.Sortir de la tutelle américainePour la France il s\'agit avant tout de sortir de la tutelle américaine, qui nous avait enfermés dans le silence d\'une rupture des relations et de retrouver sans délais une conversation propre. Car les USA, de leur côté, n\'ont certainement pas perdu de temps. Ils ont à juste titre déjà entamé une nouvelle discussion après des années de guerre ouverte.François Hollande a donc eu raison, il faut profiter de cette arrivée au pouvoir d\'Hassan Rouani, un personnage ouvert, plus neutre, soutenu dans sa démarche par le Guide.L\'enjeu du businessCar s\'il s\'agit de diplomatie, l\'enjeu majeur est celui du business. L\'Iran était une terre d\'affaires françaises. La France fut l\'un des grands perdants de l\'embargo. Citons pour l\'exemple Peugeot qui dût abandonner un magnifique marché historique. Il est urgent d\'exploiter cette occasion historique de renouer un dialogue diplomatique, commercial et économique. François Hollande semble l\'avoir compris et décidé. A suivre. *Professeur associé à l\'Université de Paris 1 la Sorbonne, Président de j c g a, membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals 
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