Banques étrangères : face au durcissement de la Fed, Bruxelles temporise

Par Romain Renier  |   |  333  mots
"Cela ne nous laisse pas indifférents," explique une source proche du dossier à Bruxelles. (Photo : Reuters)
La Fed a officialisé la mise en place de règles plus strictes pour les banques étrangères qui devront désormais satisfaire aux exigences de solvabilité américaine. L'Union européenne a tout tenté pour éviter cela. Mais sa réaction devrait être mesurée.

Le lobbying des banques européennes, Deutsche Bank et Crédit Suisse en tête n'y aura rien fait. La Fed a confirmé mardi après midi ses nouvelles règles obligeant les banques étrangères présentes sur le sol américain par l'intermédiaire de filiales à regrouper leurs activités au sein d'une holding de droit américain.

Une vingtaine de banques concernées

Ces nouvelles règles visent à imposer à ces banques étrangères les mêmes exigences de solvabilité et de liquidité que les banques américaines, soumises au Dodd-Frank Act. Une vingtaine de banques sont concernées et Deutsche Bank serait la plus touchée. Ces nouvelles règles s'appliqueront aux filiales étrangères au delà d'un seuil de 50 milliards de dollars, alors que la Fed souhaitait leur appliquer le droit américain à parti d'un chiffre d'affaires de 10 milliards de dollars sur son sol. Mais c'est tout ce qu'aura obtenu le lobby des banques européennes.

Fortes pressions exercée par le lobby bancaire

Elles ont pourtant tenté de se défendre en exerçant de fortes pressions sur Daniel Tarullo, en charge du dossier à la Fed. Des règles plus strictes pour les banques étrangères pourraient causer des perturbations sur le marché obligataire américain et provoquer un renchérissement des coûts d'emprunt souverain pour le pays, avait même argumenté l'Institute of international bankers (IIB), qui représente une centaine de banques non américaines.

Bruxelles devrait s'offusquer sans agir

Le commissaire européen Michel Barnier avait déjà menacé en octobre dernier d'appliquer la même règle en Europe si la Fed allait jusqu'au bout. "La façon dont cette importante réforme réglementaire a été introduite nous préoccupe beaucoup", reconnaît ce mercredi la Commission, qui compte tout d'abord prendre le temps d'évaluer son impact sur les marchés bancaires et sur l'équilibre de la concurrence. "Puis nous communiquerons notre analyse en temps opportun". Bref, à Bruxelles, on temporise.