Ukraine : la Russie entérine une intervention militaire en Crimée

Par latribune.fr  |   |  783  mots
Vladimir Poutine a demandé au Parlement d'autoriser "le recours sur le territoire de l'Ukraine aux forces armées russes, jusqu'à la normalisation de la situation politique dans ce pays". (Reuters)
Le Parlement russe a validé le déploiement de forces armées russes en Crimée, région pro-russe d'Ukraine. En réponse, un opposant ukrainien a appelé l'armée ukrainienne à la mobilisation générale.

Vers une guerre en Ukraine. La Chambre haute du parlement russe, le Conseil de la Fédération, a approuvé samedi le déploiement de forces armées dans la région ukrainienne de Crimée, en réponse à une demande du président Vladimir Poutine.

Les élus ont voté à une très large majorité la décision, qui doit prendre effet immédiatement, de recourir aux "forces armées de la Fédération de Russie sur le territoire de l'Ukraine jusqu'à la normalisation de la situation socio-politique dans ce pays".

"La paix et la sécurité"

Plus tôt dans la journée, le nouveau Premier ministre de Crimée, Sergiï Axionov, que Kiev considère comme illégitime, avait sollicité l'aide de Vladimir Poutine pour restaurer "la paix et le calme" dans la région.

"En raison de la situation extraordinaire en Ukraine et de la menace pesant sur la vie des citoyens russes, de nos compatriotes, des forces armées russes déployées en Ukraine", Vladimir Poutine a demandé d'autoriser "le recours sur le territoire de l'Ukraine aux forces armées russes, jusqu'à la normalisation de la situation politique dans ce pays", selon un communiqué du service de presse du Kremlin.

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Mobilisation générale en Ukraine

La formule employée laisse entendre que la Russie peut aussi bien utiliser les forces de la Flotte russe de la mer Noire, qui se trouvent déjà en Crimée aux termes d'un accord bilatéral signé entre Moscou et Kiev, qu'envoyer d'autres troupes, venant elles de Russie.

Dans la foulée, l'opposant anti-gouvernement ukrainien Vitali Klitschko a appellé peu avant 17h samedi à la mobilisation générale de l'armée face à "l'agression russe".

Kiev a accusé Moscou d'avoir déjà envoyé 6.000 militaires en Crimée, région où l'ethnie russe est majoritaire, et le gouvernement a placé des vaisseaux de la garde-côtes en état d'alerte, afin d'empêcher la capture de bases militaires et de bâtiments de la marine.

Rappel de l'ambassadeur aux Etats-Unis

Selon des télévisions russes, la chambre haute a en outre demandé à Vladimir Poutine de rappeler à Moscou l'ambassadeur de Russie aux Etats-Unis, alors que le président Barack Obama a mis vendredi soir en garde sur les "coûts" de toute intervention militaire en Ukraine.

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En ouverture d'un conseil des ministres samedi, le Premier ministre Arseni Iatseniouk a déclaré que "la présence inadéquate des militaires russes en Crimée est une provocation". Il a précisé que "les tentatives de faire réagir l'Ukraine par la force ont échoué".

Opération de déstabilisation

En milieu de journée samedi, la Russie s'est déclarée samedi "extrêmement préoccupée" par de récents événements en Crimée, région autonome du sud de l'Ukraine que des "cercles politiques influents" à Kiev cherchent selon elle à déstabiliser.

Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères affirme que dans la nuit de vendredi à samedi, "des hommes non identifiés envoyés de Kiev" ont tenté de s'emparer du bâtiment abritant le ministère de l'Intérieur de la région autonome. "En conséquence de cette provocation perfide, il y a eu des blessés", déclare le ministère, ajoutant sans autre détail que l'opération a été mise en échec.

Les régions pro-russes s'embrasent

La Russie dispose d'une force armée non négligeable en Crimée, dans le sud de l'Ukraine: la flotte russe de la mer Noire, qui compte quelque 20.000 hommes, est basée à Sébastopol, aux termes d'un accord entre Moscou et Kiev.

Pendant ce temps, les points chauds se multipliaient dans l'est et le sud russophones de l'Ukraine, selon l'AFP, qui ont observé des irruptions d'hommes armés dans plusieurs sites stratégiques ou d'importantes manifestations pro-russes. La capitale, Kiev, semblait en revanche tranquille samedi en début d'après-midi.

Dizaines de blessés

Des dizaines de personnes ont été blessées à Kharkiv (est de l'Ukraine) en marge d'une manifestation pro-russe qui a conduit à la prise d'assaut du siège de l'administration régionale par quelque 300 manifestants. Des partisans des nouvelles autorités pro-occidentales de Kiev s'y seraient barricadés.

Plus de 10.000 personnes ont manifesté samedi matin à Donetsk, fief du président déchu Viktor Ianoukovitch dans l'est de l'Ukraine, contre les nouvelles autorités de Kiev en brandissant des drapeaux russes. Sur un podium improvisé, des intervenants déclaraient soutenir "l"aspiration de la Crimée à rejoindre la Russie".