La hausse de la TVA provoque une chute brutale des ventes au Japon

Par latribune.fr  |   |  557  mots
"Il sera difficile de recouvrer le niveau de l'an passé d'ici à cet été et cela aura sans doute des effets toute l'année", a confié le patron de Takashimaya lors d'une conférence de presse. (Photo : Reuters)
Les ventes des grandes surfaces japonaises subissent depuis le 1er avril le contrecoup de la hausse de 3 points de la taxe sur la consommation, mais cela touche surtout les produits chers et durables, selon les premiers chiffres disponibles.

C'était attendu, mais peut être pas de manière aussi violente. Pressé de faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'État, le Premier ministre japonais avait pris le risque de faire chuter la consommation en augmentant la TVA de 5 à 8%. D'après les informations communiquées par les grands magasins Takashimaya, leurs ventes lors de la première semaine d'avril ont chuté de 25% par rapport à la même période l'an dernier.

"Il sera difficile de recouvrer le niveau de l'an passé d'ici à cet été et cela aura sans doute des effets toute l'année", a confié le patron de Takashimaya lors d'une conférence de presse.

Chute des dépenses de confort

Les ventes de ces magasins de luxe avaient bondi de 32% en mars sur un an, plus que prévu. Du coup, après une ruée sur les bagues, sacs à main et autres articles de plaisir plus que de besoin, la chute est sévère. Ce sont en effet les bijoux et produits de luxe qui pâtissent le plus de ce contrecoup, ceux qui voulaient en acquérir l'ayant fait avant que cette taxe (équivalente de la TVA française) ne passe de 5% à 8%.

Chez les concurrents, Mitsukoshi, Isetan ou encore Sogo-Seibu, la baisse se situe entre 10 et 20%, mais les plus optimistes espèrent que le rattrapage se fera en quelques mois. Bic Camera, grand distributeur d'électronique et électroménager, a fait part d'une baisse de 10 à 20% en ce début de mois, mais c'est presque deux fois moins que redouté, selon un responsable. Dans les boutiques de vêtements et accessoires de moyenne gamme, le déclin serait inférieur à 10%, "en ligne avec les attentes du fait du surcroît d'achat avant", selon un dirigeant de l'enseigne Parco.

>> Lire Le paradoxe japonais, relancer la consommation en la taxant

Baisse dans les produits de première nécessité

Parce que des clients sont allés jusqu'à faire des stocks de produits de première nécessité à conserver longtemps (riz, eau, papier toilette, conserves), une baisse franche a aussi été constatée dans des hypers et supermarchés. C'est par exemple le cas dans la chaîne Daiei (groupe Aeon) qui a fait état mercredi d'un recul de 8% sur un an pour la période du 1er au 7 avril.

"De nombreux clients ont fait des provisions pour 45 à 60 jours, donc la baisse ne devrait pas durer au-delà", a prédit un dirigeant de Daiei en conférence de presse.

Dans les supérettes de proximité extrêmement fréquentées, où sont essentiellement vendus des produits en petites quantités à consommer vite, "l'impact est relativement faible puisque ces commerces n'ont pas d'articles durables ni luxueux contrairement aux grands magasins", souligne un analyste de SMBC cité par le groupe d'information économique Nikkei. Un repli est néanmoins constaté à cause des clients fumeurs qui ont acheté des cargaisons de cigarettes avant le 1er avril. Quelle que soit leur surface et type d'offre, tous les commerces tentent de limiter la chute des ventes par diverses stratégies, de la distribution de coupons de réduction à la refonte totale de la grille tarifaire où certains produits sont même bien moins chers qu'avant.

>> Lire "L'Arlésienne de la croissance japonaise, c'est la consommation"

>> Lire Le choix du Japon, s'ouvrir ou souffrir