Le Japon va mettre fin au "zéro nucléaire"

Par latribune.fr  |   |  476  mots
Aucune précision n'a été apporté sur le rythme auquel les réacteurs nucléaires seront remis en route au Japon. (Photo : Reuters)
Le conseil des ministres japonais a adopté vendredi le plan énergétique du pays qui consacre l'énergie atomique comme "une ressource de base importante" et enterre officiellement le projet "zéro nucléaire" du précédent exécutif.

Ce n'est pas une surprise. Le conseil des ministres japonais a adopté vendredi son plan énergétique qui consacre l'énergie atomique comme "une ressource de base importante" et enterre officiellement le projet "zéro nucléaire" du précédent exécutif. Ce plan à moyen terme prévoit la remise en route progressive des réacteurs qui seront jugés sûrs par l'autorité de régulation du secteur. Une position fermement défendue par le Premier ministre Shinzo Abe.

Pas de précision sur le rythme

Rien n'est dit sur la part que devra reprendre le nucléaire dans le mix énergétique du pays. "Il est difficile à ce stade de donner des objectifs", a commenté le porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, lors d'un point presse.

Avant l'accident de la centrale Fukushima Daiichi en mars 2011, l'énergie nucléaire produisait entre un quart et un tiers de l'électricité du Japon, et les autorités prévoyaient une proportion de plus de 50% à horizon 2030, mais cet objectif est désormais définitivement caduc.

Le plan post-Fukushima du précédent exécutif de centre gauche qui proposait de supprimer totalement l'énergie nucléaire d'ici à 2040 est lui aussi abandonné, et c'est un compromis entre ces deux extrêmes qui se dessine.

Une part donnée aux énergies renouvelables

Actuellement, à l'instar des six unités dévastées de Fukushima Daiichi, les 48 réacteurs restants de l'archipel sont tous stoppés, mais une partie d'entre eux pourraient assez rapidement redémarrer. D'autres, âgés, ne seront sans doute jamais relancés.

Même s'il est enclin à promouvoir la relance de réacteurs et la poursuite du développement de toutes les étapes du cycle nucléaire (dont le retraitement et le recyclage), le gouvernement promet qu'il favorisera aussi au maximum les énergies renouvelables.

Là encore, il ne donne pas de chiffres mais promet d'apporter ces précisions dans les toutes prochaines années.

Crucial pour l'économie du Japon

Ce qui est sûr en revanche, c'est que ce redémarrage des réacteurs nucléaires est crucial pour l'économie du pays. Depuis la catastrophe de Fukushima et l'arrêt du nucléaire, la majorité de l'électricité est produite par des centrales thermiques, gourmandes en gaz, pétrole et charbon. En outre, ces matières premières, très coûteuses, sont importées et pèsent sur la balance commerciale du pays, aujourd'hui largement déficitaire.

Un mouvement qui est accentué par la politique de lutte contre la déflation de la banque centrale japonaise, la BoJ, qui s'est fixé pour objectif de doubler la masse monétaire du pays en deux ans. Ce qui a fait chuter le yen de près d'un tiers en quelques mois, et renchérir les importations d'hydrocarbures indispensables à la bonne marche de l'économie nippone d'autant.