Le Brexit est inévitable pour la presse britannique

Par latribune.fr  |   |  547  mots
Après l'échec de David Cameron dans son bras de fer avec les Européens qui ont finalement choisi Jean-Claude Juncker pour présider la Commission européenne, la presse britannique espère, ou craint, c'est selon, une sortie du Royaume-Uni de l'Union.
"Une marche de plus vers la sortie", "splendide isolement", "une défaite, un désastre"... les journaux britanniques rivalisent de formules pour qualifier la nomination de Jean-Claude Juncker comme candidat du Conseil européen à la tête de la Commission européenne.

La presse britannique, inquiète, estimait samedi que le pays était près de quitter l'Union européenne après l'échec du premier ministre David Cameron à faire barrage à la désignation de Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission européenne. Mais les opinions sont divisées quant à savoir qui est à blâmer entre David Cameron ou Bruxelles de rendre encore plus difficile de convaincre les Britanniques de rester dans l'Union européenne si un référendum se tenait en 2017. Le Premier ministre britannique s'est en effet engagé à organiser un référendum sur l'appartenance de son pays à l'UE en 2017 s'il est réélu l'an prochain.

>> Lire aussi Qui est le grand perdant du Sommet européen, Hollande ou Cameron?

Revue des réactions à cet échec apparent du leader conservateur dans son bras de fer avec le continent.

"Proche de la sortie de l'Europe"

"Une marche de plus vers la sortie de l'Europe", écrit le Daily Telegraph, le grand quotidien conservateur.

Le Daily Mail, eurosceptique, enfonce le clou en déclarant que "Cameron le perdant est le Rooney de l'Europe", en référence à Wayne Rooney, l'attaquant de Manchester, dont l'équipe n'a pas dépassé le premier tour au Mondial de football au Brésil et qui a dû... quitter la compétition. Métaphore qui dans le cas présent, est lourde de sens.

The Times de Rupert Murdoch partage la même constatation à sa Une : "Le Royaume-Uni proche de la sortie de l'UE". Mais le pays s'avère ainsi mieux loti dans un "splendide isolement", en référence à la politique étrangère du pays au XIXème siècle, constate le journal. Cameron aurait en effet "renforcé la position de la Grande-Bretagne en maintenant une robuste opposition" et ses chances de remporter les élections l'an prochain.

Le Royaume-Uni "isolé" et impuissant

Le pro-UE Independant évoque "une défaite, un désastre". "Ce splendide isolement n'est pas la manière d'engranger des arguments en faveur de l'UE", souligne le quotidien.

Le Guardian (gauche) déclare également que "le Royaume Uni est proche d'une sortie de l'UE après l'élection de Junker". Alors que le Sun, patriotique, écrit, "Cam, nous sommes en guerre avec l'UE".

Enfin le Financial Times analyse qu'il s'agit d'un "historique changement de pouvoir au sein de l'UE" et d'un "moment dangereux pour les relations du Royaume-Uni avec l'Europe".

Des réactions dans la plus pure tradition britannique

Il faut toutefois relativiser ces prises de position de la presse britannique. Les cas d'isolement des Britanniques sont monnaies courantes depuis l'entrée dans l'union en 1973. Ainsi le pays insulaire s'était-il déjà opposé avec vigueur à la mise en place du Système monétaire européen et Margaret Thatcher avait rejeté la Politique agricole commune (PAC) par son célèbre "I want my money back". Quant à la monnaie unique, le pays n'en a jamais voulu, malgré un léger débat en 1997.

Plus récemment, le même David Cameron s'était déjà illustré en rejetant la mise en place de l'Union fiscale, en pleine crise des dettes souveraines, fin 2011. Il avait alors menacé de quitter l'Union européenne à plusieurs reprise.

>> Lire aussi « Brexit », le mode d'emploi de la sortie du Royaume-Uni de l'UE