Direct MH17 : l'UE décidera jeudi d'éventuelles sanctions contre la Russie

Par latribune.fr  |   |  1419  mots
L'Union européenne envisagera jeudi d'éventuelles nouvelles cibles de sanctions contre la Russie. (Photo : Reuters)
Cinq jours après le crash du Boeing de Malaisia Airlines en Ukraine, dont les causes précises ne sont pas déterminées, les déclarations et annonces continuent de s'enchaîner.

La tension diplomatique remonte d'un cran. Russes, Ukrainiens, mais aussi Australiens, Néerlandais et représentants de plusieurs organisations internationales multiplient depuis cinq jours les déclarations publiques concernant le crash du Boeing de Malaysia Airlines abattu dans des circonstances toujours non élucidées dans la région de Donetsk en Ukraine. Voici, mis à jour tout au long de la journée, un résumé des principales annonces et déclarations concernant ce sujet. 

  • Décision jeudi pour les sanctions contre la Russie 

L'Union européenne décidera jeudi une nouvelle liste de personnalités et d'entités russes visées par des sanctions ciblées raison de leur soutien aux séparatistes pro-russes en Ukraine, a annoncé la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.

Les sanctions éventuelles sur les exportations concerneront les futurs contrats, a précisé le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier.

  • Vers des sanctions dans les domaines de la défense et des capitaux

L'Union européenne étudiait mardi la possibilité de prendre des sanctions contre la Russie dans les secteurs de la défense et des capitaux si Moscou ne coopérait pas à l'enquête sur l'origine du crash de l'avion de la Malaysia Airlines en Ukraine, ont déclaré des diplomates.

Les mesures sectorielles envisagées, outre les secteurs de la défense et des capitaux, pourraient aussi toucher les hautes technologies, les biens dits à double usage civil et militaire et le secteur de l'énergie, en particulier pétrolier et gazier. 

  • Les boîtes noires devraient être analysées par la Grande Bretagne

Les deux enregistreurs de vol, récupérés par les rebelles prorusses qui contrôlent la zone où est tombé le Boeing 777 avec 298 personnes à bord, ont été remis lundi soir à des responsables malaisiens. Mais, à la demande de Kiev, ce sont les Pays-Bas qui doivent se charger de l'enquête sur la catastrophe. Ainsi, lorsque les Néerlandais récupéreront les boîtes noires, ils devraient les envoyer en Grande-Bretagne, a indiqué le ministère du Développement régional.

Il est peu probable, cependant, que les boîtes noires puissent fournir des renseignements permettant d'identifier l'origine du tir ayant abattu l'avion malaisien.

  • Poutine : "faire pression ne suffira pas"

Vladimir Poutine a diffusé un nouveau message à l'intention de la communauté internationale. "La Russie fera tout ce qui est en son pouvoir pour une enquête complète, impliquant toutes les parties, en profondeur et transparente", a-t-il déclaré à l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité, selon des agences de presse russes. "On nous appelle à faire pression sur la rébellion. Nous ferons bien sûr tout ce qui est en notre pouvoir, je le répète, mais cela ne suffira pas", a-t-il ajouté.

  • Le Mistral de la discorde

En Europe, Les ministres européens des Affaires étrangères doivent discuter ce mardi de la conduite à tenir vis-à-vis de Moscou. Berlin souhaiterait un durcissement des sanctions, et, selon Reuters, d'autres diplomates évoquent même un renforcement de l'embargo.

Mais le projet de livraison d'un Mistral, le Vladivostok, à la Russie par la France à l'automne divise Paris et Londres. Le Premier ministre britannique David Cameron avait expliqué lundi qu'une telle transaction serait "impensable" en Grande-Bretagne.  Le contrat russe, d'un montant de 1,2 milliard d'euros, avait été conclu sous la présidence Sarkozy, via le groupe de défense français DNCS. La France a confirmé la livraison pour octobre.

  • Un "crime odieux" dénoncé par l'IATA

L'IATA, l'organisation mondiale des compagnies aériennes a dénoncé des entraves à l'enquête. Son directeur général, Tony Tyler, a exprimé son indignation dans un communiqué diffusé ce mardi en fin de matinée. Il écrit

"La tragédie de MH17 est un outrage. Au cours du week-end, il a été confirmé que les passagers et l'équipage à bord de l'avion ont été les victimes d'un crime odieux."

L'avion était "clairement identifié comme étant un vol commercial. Et il a été abattu, en totale violation du droit international, des normes et des conventions"

Il réclame de la part des partis impliqués dans le conflit qu'il mettent de côté leurs différents et garantissent un accès libre à la zone où se situe les débris et s'émeut de "des images effroyables de la scène de l'accident". 

  • Des corps remis au gouvernement ukrainien

Quelque 282 corps sur 298 occupants de l'avion malaisien auraient été retrouvés, ainsi que de nombreuses parties de ceux des 16 autres victimes, selon un représentant des séparatistes. Un train réfrigéré contenant une partie de ces dépouilles est arrivé mardi peu avant midi à Kharkiv, ville contrôlée par le gouvernement de Kiev.

Les corps des victimes doivent ensuite être remis à une délégation néerlandaise qui les transportera par avion à Amsterdam. Il doivent y être identifiés puis remis aux familles. 

  • Un geste des séparatistes

Un geste. Des séparatistes ont dit avoir remis ce mardi à des responsables malaisiens deux objets qui pourraient être les boites noires du Boeing qui s'est écrasé le 17 juillet près de Donetsk en Ukraine. Ils ont en même temps annoncé devant la presse un cessez-le-feu dans un rayon de 10 km autour du site du crash. 

  • Le site altéré "à une échelle industrielle"

"Il reste un très très long chemin à parcourir", a déclaré devant la presse le Premier ministre australien Tony Abbott, à propos du rapatriement des corps des 28 Australiens tués dans le crash et des efforts pour amener devant la justice les responsables du tir du missile qui a vraisemblablement abattu l'appareil. Et de déplorer l'état du site du crash : 

"Après le crime, le maquillage. Ce que nous avons constaté, c'est une falsification de preuves à une échelle industrielle qui doit à l'évidence cesser."

Un constat partagé par l'IATA , l'organisation qui regroupe l'ensemble des compagnies aériennes dans la monde. 

"Depuis plus de quatre jours, nous avons assisté à des images effroyables de la scène de l'accident", a critiqué son directeur général Tony Tyler, qui a également dénoncé des "actions" ayant ralenti l'avancée de l'enquête, sans toutefois les citer. 

  • Vote à l'unanimité à l'Onu

Quelques heures plus tôt, un texte a été voté à l'unanimité à l'Onu. Même la Russie, membre du Conseil de sécurité, a voté le 21 juillet, tout comme les 20 autres pays présents, un texte visiblement consensuel proposé par l'Australie ainsi que la France et la Lituanie et qui vise à demander aux séparatistes de sécuriser l'accès de la zone du crash du Boeing de Malaysia Airlines abattu le 17 juillet avec 298 personnes à bord. 

Une "destruction"

La résolution 2166 du Conseil de sécurité de l'ONU "condamne dans les termes les plus forts possibles la destruction de l'appareil". À noter: le terme de "tir" n'est pas employé dans le texte officiel et en français de la résolution proprement dite. Il l'est dans les commentaires retranscrits des personnes présentes.  Ainsi Youriy Sergeyev, ambassadeur de Kiev à l'Onu souline-t-il: "il est urgent maintenant de déterminer qui a déclenché le tir".

De son côté, son homologue russe Vitaly Churkin évoque le "tir accidentel d'un missile ukrainien" en 2001 qui avait abattu un avion volant entre Novossibirsk et Tel Aviv et transportait 78 personnes. 

Tous les pays et "protagonistes dans la région", dont la Russie, sont appelés à collaborer pleinement à "une enquête internationale complète, minutieuse et indépendante". L'ONU "exige que les groupes armés qui contrôlent le site (...) fournissent un accès total, sans restrictions et sûr" à ce site et à ses environs pour les enquêteurs. Le Conseil demande également que les séparatistes "s'abstiennent de toute action qui pourrait compromettre l'intégrité du site du crash", notamment en manipulant des débris de l'avion. 

 "Comportements indignes"

Julie Bishop, la ministre des Affaires étrangères australienne, présente lors du vote, a qualifié  cet acte de "véritable scandale". Elle a également pointé "les violations grotesques commises sur le site du crash" par les séparatistes qui ont déplacé des corps et limitent l'accès du site aux observateurs étrangers. Vingt-sept ressortissants australien ont disparu dans le crash de cet avion. 

 Enfin le représentant de la France, Philippe Berthoux, a dit souhaiter

"que cessent les comportements révoltants, indignes et inhumains des séparatistes qui doivent mettre fin aux altérations et manipulations du site du crash du vol MH17."

(Article créé le 22 juillet à 08:04, dernière mise à jour: 16:40)