Bruxelles condamne la nouvelle taxe hongroise sur les médias

Par latribune.fr  |   |  490  mots
Viktor Orban, chef du gouvernement conservateur nationaliste hongrois, reste insensible aux remontrances de Bruxelles
Une nouvelle taxe instaurée par le gouvernement conservateur hongrois oblige les médias à reverser 20% à 40% de leurs revenus publicitaires à l'État. La mesure s'inscrit dans la politique de bras de fer avec l'Union européenne et l'occident menée par le premier ministre hongrois Viktor Orban.

"La liberté de la presse est menacée en Hongrie"écrivait lundi sur son blog la commissaire européenne responsable de la société numérique Neelie Kroes. Elle réagissait à l'instauration d'une nouvelle taxe par le gouvernement conservateur hongrois, obligeant les médias à reverser 20% à 40% de leurs revenus publicitaires à l'État.

Une taxation ciblée contre le groupe RTL

Dans les faits, cette taxe pénalisera presque exclusivement le groupe RTL, un des seuls médias d'importance détenu par un conglomérat étranger et connu pour ses positions critiques à l'égard du gouvernement.

La commissaire européenne s'alarme de voir de telles mesures utilisées politiquement :

"Cette histoire est plus qu'une taxe. Elle s'inscrit dans un objectif qui est très préoccupant, un objectif contraire aux valeurs européennes. La taxation ne peut être un instrument pour discriminer et la politique fiscale ne peut être une arme politique."

La mesure fait en effet suite à une campagne lancée par la chaîne RTL pour dénoncer les abus du gouvernement de Viktor Orban (lien abonné), le Premier ministre hongrois. Le journal télévisé a notamment révélé comment le maire de Felcsut, la ville natale du Premier ministre, s'est enrichi, ou encore comment le chef de cabinet de Viktor Orban s'est fait payer des voyages sur la côte d'Azur aux frais du contribuable.

Une politique économique nationaliste...

Plus généralement, cette nouvelle taxe s'inscrit dans la politique économique nationaliste et anti-libérale conduite par Viktor Orban depuis son accession au pouvoir en 2010. Depuis quatre ans en effet, de nombreuses entreprises étrangères dans les secteurs bancaires et des services publics ont été nationalisées. De nouvelles taxes ont été introduites dans les secteurs dominés par les entreprises étrangères pour redresser les comptes publics.

Enfin, pour soulager les ménages endettés, le gouvernement a fait part de sa volonté de convertir les prêts en devises en monnaie nationale. La doctrine économique du premier ministre est plus inspirée par des pays dirigistes comme la Chine, la Russie ou Singapour que par les démocraties occidentales qu'il n'hésite pas à critiquer.

...qui semble réussir

Force est de constater que cette politique est couronnée d'un certain succès. Même si les inégalités se sont creusées, la Hongrie est passé d'un état de quasi-faillite en 2009 à une situation financièrement saine et économiquement prometteuse aujourd'hui.

   Lire : Le pied de nez de la Hongrie à Bruxelles

Alors que le déficit budgétaire est revenu sous la barre des 3%, l'économie a redémarré en 2013 à un taux supérieur à celui de la zone Euro, et la prévision de croissance s'établit à 2% pour 2014, soit deux fois plus que la zone Euro. Cela explique en grande partie la réélection triomphale de Viktor Orban en 2014 et le fait qu'il puisse se permettre de traiter les critiques de Bruxelles par le mépris.