Des proches de Poutine sanctionnés par Bruxelles, Moscou réplique

Par latribune.fr  |   |  760  mots
Un vieil ami de Vladimir Poutine est également visé: il s'agit de l'homme d'affaires Arkadi Rotenberg, dont les sociétés ont remporté des contrats juteux lors des jeux olympiques de Sotchi. (Photo: Reuters)
L'Union européenne a publié mercredi soir les noms de huit individus et de trois sociétés frappées par les sanctions adoptées vis-à-vis de Moscou, en raison de sa politique en Ukraine. Parmi ceux-ci, des proches du président russe, dont les deux principaux actionnaires de la banque Rossiya.

L'Union européenne resserre encore l'étau autour du Kremlin. Parmi les noms des huit personnalités et des trois sociétés russes publiés mercredi soir par la Commission, dont les avoirs seront gelés dans le cadre des sanctions prises contre Moscou pour sa politique en Ukraine, figurent ceux de proches du président.

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Les deux principaux actionnaires de la banque Rossiya visés

Sont notamment sanctionnés Iouri Kovaltchouk, président et principal actionnaire de la banque Rossiya de Saint-Pétersbourg (dont il possédait 38% l'an dernier), ainsi que le deuxième plus important actionnaire de l'institution financière, Nikolaï Chamalov.

Florissante depuis que Poutine a accédé à la présidence en 2000, la banque Rossiya a ouvert des succursales en Crimée et possède, selon l'UE, des

"parts importantes dans un groupe national de médias qui en contrepartie contrôle des stations de télévision qui soutiennent la politique de déstabilisation de l'Ukraine."

Huit individus sanctionnés

Est également concerné l'homme d'affaires Arkadi Rotenberg, un vieil ami de Vladimir Poutine, dont les sociétés ont remporté des contrats juteux lors des jeux olympiques de Sotchi, et qui a des parts dans Giprotransmost, une entreprise impliquée dans le projet de construction d'un pont entre la Russie et la Crimée. Il était d'ailleurs déjà visé depuis mars par des sanctions américaines.

Les autres personnes visées par les sanctions sont: le ministre de l'Intérieur de Crimée, Sergueï Abisov; Konstantin Valerevitch Malofeev, qui aurait financé des séparatistes prorusses; Alexeï Alexeievich Gromov, un haut responsable proche de Vladimir Poutine; Oksana Tchigrina, la porte-parole de la république séparatiste de Lougansk; Boris Litvinov, celui de la République populaire de Donetsk.

Les personnes sanctionnées seront également interdites de visa.

Trois entreprises dans le collimateur

Quant aux sociétés en ligne de mire, la liste comprend:

  • la Banque commerciale nationale russe, qui a été la première à opérer en Crimée après l'annexion de la péninsule par la Russie en mars et qui est d'ailleurs propriété de la "République de Crimée";
  • la compagnie aérienne Dobrolet, une filiale d'une entreprise aérienne russe, qui assure des liaisons entre Moscou et Simferopol, en Crimée;
  • la société de défense Almaz-Antey, une entreprise russe d'État qui fabrique des armes antiaériennes dont des missiles terre-air.

Des sanctions supplémentaires à la fin de la semaine?

Le Journal Officiel de l'UE fait également état de l'interdiction de nouveaux investissements dans l'exploitation du pétrole, du gaz et des minerais en Crimée et à Sébastopol ainsi que dans les infrastructures des projets de transports et de télécommunications de la région. Avec ces dernières mesures, 95 personnes et 23 entités sont désormais visées par un gel des avoirs en Europe et une interdiction de visa.

Des sanctions supplémentaires touchant les marchés, les banques, la vente d'armes et le transfert de technologies liées à l'exploitation pétrolière pourraient être publiées au JO de l'UE jeudi ou vendredi et entrer en application à la fin de la semaine.

L'UE "incapable de jouer un rôle autonome", selon Moscou

Ces sanctions "auront inéluctablement pour résultat une hausse des prix sur le marché de l'énergie en Europe", a pour sa part menacé le ministère russe des Affaires étrangères. Dénonçant "des sanctions antirusses tirées par les cheveux et illégitimes", Moscou a critiqué de manière inhabituellement sévère la politique de l'UE:

Elle "ne se fonde plus aujourd'hui sur des faits vérifiés, mais est dictée par Washington" considère le ministère, pour qui les sanctions adoptées par Bruxelles témoignent notamment "de l'incapacité de l'UE à jouer un rôle autonome dans les affaires mondiales".

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Le ministère russes des Affaires étrangères a néanmoins minimisé l'impact de ces sanctions, en affirmant que "les difficultés qui pourront surgir dans certains secteurs de l'économie russe seront sans aucun doute surmontées". La Banque centrale de Russie a pour sa part assuré que "toutes les mesures seraient prises, en cas de besoin, pour soutenir les banques" touchées.

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