"Les défis en matière de sécurité pour le Japon sont devenus plus sérieux" (ministère nippon de la Défense)

Par latribune.fr  |   |  476  mots
Début juillet, le gouvernement de Shinzo Abe a levé le garde-fou constitutionnel qui, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, empêchait le Japon de mener des opérations militaires à l'étranger. (Photo: Reuters)
Dans un livre blanc publié par le ministère de la Défense mardi, le japon s'inquiète pour sa sécurité dans un environnement de plus en plus militarisé.

Il n'y a pas seulement le contentieux avec la Chine sur les îles Senkaku-Diaoyu, mais aussi l'activité militaire croissante de la Russie ainsi que les ambitions nucléaires de la Corée du Nord. Un contexte inquiétant selon le ministère nippon de la Défense qui, dans son livre blanc annuel, publié mardi, écrit:

"Les défis en matière de sécurité et les facteurs de déstabilisation pour le Japon et le reste de la zone Asie-Pacifique sont devenus plus sérieux".

Ainsi, en raison du nombre accru de vols opérés près de l'espace aérien nippon par les avions russes ou chinois, l'aviation japonaise a ainsi dû mener, pendant la période d'avril à juin, un nombre record de sorties aériennes.

Le budget militaire chinois a quadruplé en dix ans

En Chine en particulier, au cours des dix dernières années, le budget militaire a carrément quadruplé, pour atteindre 808 milliards de yuans (environ 100 milliards d'euros), alors que sur la même période celui du Japon a, lui, baissé de 1,9%, à 4.780 milliards de yens (35 milliards d'euros), souligne le rapport.

Le contentieux sur les îles Senkaku-Diaoyu en mer de Chine orientale alimente depuis près de deux ans de fortes tensions entre les deux pays, dont les navires de patrouille se frôlent régulièrement dans la zone de l'archipel, faisant craindre le risque d'un dérapage.

La Corée du Nord et " la dissuasion nucléaire contre les Etats-Unis"

Quant aux ambitions nucléaires de la Corée du Nord, elles sont un "grave facteur de déstabilisation" selon le gouvernement nippon, qui relève dans son livre blanc:

"Si la Corée du Nord étend encore la portée de ses missiles balistiques, réduit la taille de ses armes nucléaires et les transforme en ogives, le pays pourra estimer qu'il est parvenu à la dissuasion nucléaire contre les Etats-Unis".

Depuis juillet, plus de garde-fou constitutionnel contre les opérations militaires à l'étranger

Face à ces menaces, l'approche japonaise change. En décembre 2013, Tokyo avait décidé d'augmenter de 5% les dépenses militaires du Japon sur les cinq ans à venir. Des dépenses de 24.700 milliards de yens (175 milliards d'euros) ont été approuvées pour la période 2014-2019, qui, outre les frais de personnel, comprendront l'achat de trois drones, 17 avions à décollage vertical Osprey, 52 véhicules amphibies et 5 sous-marins. À ce matériel, il faut ajouter l'acquisition de deux destroyers équipés du système anti-missile Aegis ainsi que de 28 nouveaux chasseurs américains F-35.

Début juillet, malgré les critiques de Pékin et de la Corée du Sud, le gouvernement de Shinzo Abe a adopté une résolution levant le garde-fou constitutionnel qui empêchait le Japon de mener des opérations militaires à l'étranger depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.