Soupçonné de fraude fiscale, le patron de l'Agefi va porter plainte contre des médias suisses

Par latribune.fr  |   |  565  mots
Le fisc suisse estime que les montants d'impôts fédéraux, cantonaux et communaux impayés dépassent les 16,5 millions d'euros.
Alain Duménil, le propriétaire du journal financier l'Agefi est soupçonné de graves infractions fiscales en Suisse et fait l'objet d'une enquête, selon les médias suisses l'Hebdo et le Tages-Anzeiger. Le patron de l'Agefi compte porter plainte contre les deux organes de presse.

"Enorme scandale" et "opération de déstabilisation". Suspecté selon deux médias suisses d'avoir soustrait près de 45 millions d'euros au fisc sur des gains de sa société immobilière en France de 2003 à 2011, Alain Duménil a réagi par ces mots virulents.

L'Hebdo et le Tages-Anzeiger rapportent que le millionnaire franco-suisse fait l'objet d'une enquête fiscale. Le propriétaire de l'Agefi a indiqué à l'AFP qu'il comptait "déposer jeudi une plainte pénale contre les deux organes de presse". Il s'est indigné auprès des Echos que son nom ait été rendu public par les deux médias alors que le jugement était selon lui sous X.

Alain Duménil qualifie les informations révélées par les deux journaux "d'opération de déstabilisation" à son encontre, qui serait liée à sa tentative, mal perçue, de se porter acquéreur du journal Le Temps en novembre 2013.

L'Agefi a publié ce jeudi un article expliquant que cela ne "change rien non plus à l'indépendance rédactionnelle totale du quotidien et de ses magazines" et promet une "égalité de traitement par rapport à l'actualité".

Suspecté d'avoir omis de déclarer des dividendes versés

Domicilié dans la station huppée de Crans-Montana en Suisse, l'homme d'affaires aurait, selon l'Hebdo et le Tages-Anzeiger, omis de déclarer des dividendes versés par la société immobilière Acanthe Développement dont il est l'actionnaire majoritaire.

Le fisc estime que les montants d'impôts fédéraux, cantonaux et communaux impayés dépassent les 16,5 millions d'euros.

Alain Duménil dit avoir déclaré et payé ses impôts

Au Echos, Alain Duménil dément aussi n'avoir pas déclaré l'équivalent de 45 millions d'euros en dividendes dénonçant une "confusion" entre sa part détenue en direct dans Acanthe Développement (10 %) et celle détenue par d'autres sociétés lui appartenant (40 %), lesquelles auraient elles-mêmes réalisé les déclarations au fisc.

Il a ainsi indiqué à l'AFP qu'il a déclaré et payé ses impôts sur les dividendes reçus pour les 10% d'actions qu'il détient à titre personnel. Et il précise que les dividendes au titre des 40% d'actions détenues par des sociétés qu'il possède au Luxembourg ont fait l'objet d'une fiscalité sur les sociétés au Luxembourg.

L'existence d'une procédure contre le propriétaire de L'Agefi ressort de plusieurs arrêts diffusés la semaine dernière par le Tribunal pénal fédéral (TPF). Ils révèlent que la ministre des Finances, Eveline Widmer-Schlumpf, a donné son feu vert, en novembre dernier, à l'ouverture d'une enquête fiscale spéciale dirigée contre le millionnaire.

Condamné en France en 2013

En France, Alain Duménil, ex-banquier et éditeur, a été et est actif dans divers domaines : le luxe, l'immobilier, mais aussi l'industrie aéronautique. Il a été condamné en 2013 par le gendarme français des marchés financiers à 500.000 euros d'amende pour un délit d'initié.

Alain Duménil a précisé à l'AFP avoir fait appel de cette condamnation. Il avait aussi été condamné par la justice à Grenoble en 2012 pour sa responsabilité dans la faillite en 2005 du chausseur Stéphane Kélian. Le franco-suisse a précisé avoir présenté une requête contre ce jugement auprès de la Cour européenne des Droits de l'Homme, qui a accepté de l'examiner.