Deux ministres japonaises démissionnent du gouvernement de Shinzo Abe

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  445  mots
Première à partir: la ministre de l'Economie, première femme à détenir ce portefeuille.
Un lundi noir pour le Premier ministre japonais: sa ministre de l'Économie, Yuko Obuchi, ainsi que celle de la Justice, Midori Matsushima, ont démissionné ce 20 octobre. Pour ne rien arranger; Shinzo Abe a été contraint de s'excuser publiquement de ses choix.

"C'est moi qui les avais nommées. En tant que Premier ministre, j'en assume la responsabilité et je m'excuse profondément", a déclaré un Shinzo Abe grave en milieu de journée.

Le Premier ministre japonais a annoncé lundi 20 octobre avoir accepté la démission de deux de ses ministres, celle de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie et sa collègue à la Justice, toutes deux soupçonnées d'avoir utilisé à des fins personnelles des fonds réservés à leurs activités politiques.

Dépenses douteuses

Première à quitter ses fonctions: la ministre de l'Économie Yuko Obuchi, première femme à détenir ce portefeuille. "Nous ne pouvons pas laisser la politique économique et la politique énergétique en jachère au ministère à cause de mes problèmes. Je vais donc quitter mes fonctions", a-t-elle déclaré.

Elle est notamment soupçonnée d'avoir dépensé entre 2007 et 2012 plus de 10 millions de yens (près de 74.000 euros) sans aucun rapport avec ses activités politiques, notamment pour acheter des produits de beauté.

Quelques heures plus tard, c'était la titulaire de la Justice, 58 ans, qui sortait livide du bureau de Shinzo Abe. On lui reproche d'avoir violé le code électoral en distribuant de petits éventails avec son portrait et son nom à des électeurs de sa circonscription.

Les départs de Yuko Obuchi, étoile montante du Parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir) et fille d'un ancien Premier ministre, et de Midori Matsushima, deux mois à peine après leur nomination, constituent les premières démissions de membres de l'équipe Abe en deux ans.

Une épine dans le pied du "womenomics"?

Shinzo Abe misait beaucoup sur Yuko Obuchi, et à double titre. D'abord, en nommant pour la première fois une femme à la tête de ce prestigieux ministère, il voulait en faire un symbole de sa politique envers les femmes qu'il veut attirer en nombre sur le marché du travail pour doper l'économie nationale. Ensuite, Shinzo Abe espérait que cette jeune femme de 40 ans et mère de deux enfants saurait trouver les mots pour convaincre les riverains des centrales nucléaires de la nécessité de redémarrer des réacteurs, tous à l'arrêt depuis la catastrophe de Fukushima en mars 2011.

Cette démission est "extrêmement regrettable et dommageable pour le gouvernement", a aussitôt réagi Sadakazu Taniguchi, le numéro 2 du Parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir).

Pour féminiser son équipe, dans un pays réputé pour son machisme en politique, Shinzo Abe avait nommé début septembre cinq femmes à des postes importants à l'occasion du premier remaniement depuis son retour au pouvoir fin 2012.