Burkina Faso : Blaise Compaoré dissout le Parlement et décrète l'état d'urgence

Par latribune.fr (avec Reuters)  |   |  538  mots
Les manifestants mettent le feu au Parlement burkinabé à Ougadougou.
Après avoir renoncé à son projet de révision constitutionnelle, le président burkinabé a pris de nouvelles initiatives alors que la situation continue à dégénérer sur le terrain. Après l'incendie du Parlement et la mise à sac de la télévision nationale, les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles contre les manifestants...

Après avoir fait un geste d'apaisement en direction de l'opposition, Blaise Compaoré a annoncé, ce jeudi en fin d'après-midi, la dissolution du Parlement et a décrété l'état d'urgence. Il a également annoncé l'ouverture de négociations avec l'opposition afin de mettre un terme aux manifestations et émeutes qui embrasent Ouagadougou, la capitale Burkinabé.

Un communiqué lu par Radio Omega, une radio locale, a annoncé:

"Un état d'urgence est déclaré sur l'ensemble du territoire national. Le chef des forces armées est chargé de mettre en œuvre cette décision, qui entre en vigueur aujourd'hui", affirme le communiqué.

"Je dissous le gouvernement à compter d'aujourd'hui afin de créer les conditions d'un changement. J'appelle les dirigeants de l'opposition politique à mettre fin aux manifestations. Je m'engage, à compter d'aujourd'hui, à ouvrir le dialogue avec tous les acteurs pour mettre fin à la crise", poursuit le texte, citant le président Compaoré.

Les événements se sont précipités en quelques jours seulement

Ce matin, celui qui préside le Burkina Faso depuis 1987, avait annoncé qu'il renonçait à son projet de révision constitutionnelle, lequel l'autorisait à briguer un nouveau mandat.

Dès mardi, cette initiative avait provoqué la colère d'une partie de la population lasse d'un président en place depuis maintenant 27 ans. En quelques jours à peine, les événements se sont précipités, provoquant des rixes avec les forces de l'ordre. Jeudi, les émeutiers ont pris d'assaut le Parlement qu'ils ont incendié. Un hélicoptère des forces de sécurité a aspergé de gaz lacrymogène une foule approchant les bureaux du Premier ministre.

Alors que les manifestants se dirigeaient en direction du domicile du frère du président, les policiers ont fait usage de leurs armes, tirant à balles réelles. Un témoin affirme avoir vu des corps inertes sur le sol.

Blaise Compaoré risque d'écourter son mandat

Quelques heures plus tôt, c'est le siège de la télévision nationale qui a été mis à sac. Les observateurs se demandent si le geste de Blaise Compaoré suffira à calmer les émeutiers. Pour Gilles Yabi, un analyste spécialiste de l'Afrique de l'Ouest cité par Reuters, le président pourrait être contraint de quitter le pouvoir avant la fin de son mandat l'année prochaine.

"Cela va dépendre de la réaction des forces de sécurité, mais je vois mal comment Blaise pourra aller au terme de son mandat si la violence dégénère aujourd'hui", a-t-il expliqué.

"Nous sommes fatigués de lui"

"Nous avons agi ainsi parce que Blaise a tenté de se maintenir au pouvoir trop longtemps. Nous sommes fatigués de lui", explique à Reuters Seydou Kabré, un des manifestants. "Nous voulons le changement, il doit partir !" Un autre manifestant, George Sawadogo, prévient: "Si c'est nécessaire, nous marcherons sur la présidence. Nous voulons que Blaise Compaoré dégage, nous voulons le changement."