"L'Europe sur le terrain", "clameur pour la liberté", la presse internationale salue la marche républicaine

Par latribune.fr  |   |  990  mots
La presse étrangère était au rendez-vous pour le rassemblement du dimanche 11 janvier.
Les journaux du monde entier ont massivement couvert la manifestation qui a rassemblé près de 4 millions de personnes dimanche aux quatre coins de l'Hexagone, et notamment 44 dirigeants politiques à Paris. Tour d'horizon.

"Paris montre son refus de se soumettre par un énorme rassemblement", "la France n'abandonnera pas les valeurs fondamentales", "une foule retenue et déterminée", Peut-être pour la première fois dans l'Histoire, hier à Paris, on a pu voir l'Europe sur le terrain". La marche républicaine organisée dans la capitale - à laquelle 44 représentants politiques ont participé - et dans toute la France fait la Une de la presse internationale ce lundi 12 janvier. Petit aperçu des principaux titres.

  • Des avenues "manucurées" transformées en "fleuves d'humanité", selon le Wall Street Journal

"Paris montre son refus de se soumettre par un énorme rassemblement": c'est en ces termes que le Wall Street Journal relate la marche républicaine de dimanche à ses lecteurs américains. "Une démonstration de détermination, malgré sa fragilité, et d'unité face aux attaques terroristes qui ont frappé la capitale la semaine dernière", souligne le titre. Le journal américain évoque un raz-de-marée de millions de personnes envahissant les rues de Paris, "transformant ses avenues 'manucurées' en fleuves d'humanité : un retournement épatant pour une ville qui, il y a juste quelques jours, était victime de coups de feu et de massacres".

  • La réaction politique doit suivre l'exemple tranquille de la rue, selon le Financial Times

"Il y avait une ambiance festive malgré la pluie et la densité de la foule", constate le Financial Times (FT), qui rapporte "un nombre de marcheurs sans précédent, beaucoup accompagnés d'enfants". Si "le pays reste sous le choc après les attaques terroristes", le quotidien britannique estime dans un éditorial que "le message que la France adresse à elle-même et au monde est sans ambiguïté. Elle n'abandonnera pas les valeurs fondamentales, la liberté d'expression et la tolérance, qui sont les fondations de la République".

Méfiance, avertit néanmoins le FT, pour qui prend place désormais "une ère de test, peut-être de danger, pour les relations communautaires en France".  Et de conclure :

"La réponse des politiques du pays doit être guidée avant tout par la manifestation de détermination tranquille qu'ils viennent de voir dans les rues de Paris."
  • "L'Europe sur le terrain" pour la première fois, souligne Il Corriere della Sera

Les journaux italiens saluent la dignité des manifestants, ainsi que des représentants européens, unis autour des valeurs républicaines. "Paris a témoigné hier de quelque chose de plus que la douleur pour les victimes et de la résistance au terrorisme : du réveil de la conscience de la valeur de la démocratie dans laquelle nous vivons", écrit le directeur de la publication de La Repubblica, Ezio Mauro.

"Je craignais trouver un Paris différent, effaré et enragé après les blessures de la semaine dernière. Mais non. (...) La foule réunie dans le 11e arrondissement (...) était plutôt une foule émue et déterminée(...)": "une foule retenue, mais remplie de fermeté", observe pour sa part l'écrivain italien Paolo Giordano sur les pages du quotidien national Il Corriere della Sera, qui consacre la moitié de la page d'accueil de son site aux attentats parisiens. "Peut-être pour la première fois dans l'Histoire, hier à Paris, on pu voir l'Europe sur le terrain", écrit un autre journaliste et écrivain italien, Aldo Cazzullo, sur les colonnes du même journal. "L'Union européenne désunie, peureuse, en manque d'assurance au point de se mépriser elle-même, s'est retrouvée du moins dans le deuil", souligne-t-il.

  • "Plus jamais de place en Europe pour le terrorisme et la barbarie", selon El Mundo

Du côté de la presse espagnole, El Mundo se montre également particulièrement enthousiaste. "Paris se lève contre la terreur et pour la liberté", titre-t-il, insistant sur l'importance de "l'union" pendant la mobilisation, notamment marquée par la présence d"une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement. Le quotidien conservateur a également publié une tribune de Mariano Rajoy, intitulée "Clameur pour la liberté". Le chef du gouvernement espagnol s'y félicite d'une marche pour "notre unité contre le terrorisme, le totalitarisme et la barbarie, qui n'auront plus jamais de place en Europe".

El País a, quant à lui, alterné entre enthousiasme et réflexion critique. Pour le quotidien "la réponse au djihadisme a débordé Paris" . Elle était émaillée d'images fortes et symboliques comme celle de "ce jeune juché sur une statue de Marianne place de la Nation, avec un énorme crayon au bout de son bras tendu, juste au-dessus d'un immense drapeau français". Les attaques de la semaine passée, qu'il qualifie de "guerre sainte dans le berceau de la laïcité", suscitent néanmoins des interrogations de poids selon le journal. Il estime que la France "appelle a un réarmement idéologique contre la menace de la terreur djihadiste et afin de défendre la démocratie". Selon lui, "la société française cherche désormais quelles sont les failles de son modèle social capable d'engendrer des monstres tels que Mohamed Merah, Mehdi Nemmouche et les trois terroristes de Paris."

  •  "Les véritables défis sont encore devant nous", selon Die Süddeutsche Zeitung

La même question taraude, en Allemagne, les journalistes du Süddeutsche Zeitung: "Un nouveau sentiment de solidarité unit les Français. Mais combien de temps cela va-t-il durer? Les véritables défis sont encore devant nous. Liberté, égalité, fraternité vont devoir s'affirmer", estime la rédaction du quotidien.

Dans les quotidiens nationaux, c'est la question de l'attitude à adopter face au terrorisme qui domine l'actualité de ce lundi 12 janvier. Au lendemain de l'incendie du Hamburger Morgenpost pour publication des caricatures de Charlie Hebdo contre l'Islam, Die Welt s'interroge sur "ce que le terrorisme évoque dans nos esprits". Seul "le prophète reste tranquille", comme l'écrit le sociologue autrichien Mouhanad Khorchide dans une tribune qui fait la Une du Zeit.