Japon : quand il faut une loi pour que les salariés prennent leurs congés

Par latribune.fr avec AFP  |   |  435  mots
Nombre de Japonais se contentent de tout ou partie des 15 jours fériés par an dans l'archipel (qui deviendront seize en 2016).
Le gouvernement envisagerait d'imposer au moins cinq jours de congés obligatoires, selon la presse japonaise. Dans l'archipel, certains travailleurs n'utilisent aucune des journées de repos rétribuées auxquelles ils ont droit.

Il en existe pour qui toute excuse est bonne pour partir en vacances, et d'autres que la loi doit forcer à s'arrêter de travailler. Les seconds se trouvent surtout au Japon, pays où certains salariés n'utilisent aucun des vingt jours de congés annuels payés auxquels ils ont droit.

C'est pourquoi le gouvernement japonais envisage de passer à la "manière forte", c'est-à-dire de légiférer pour obliger les travailleurs compulsifs à prendre au moins ce qui correspond à un quart de leurs vacances, à savoir cinq jours, indique la presse japonaise mercredi 4 février. Cette proposition, d'inscrire dans le code du travail un minimum obligatoire de congés, devrait être formulée lors d'une réunion d'un comité ad hoc du ministère de la Santé, vendredi. Si approuvée, elle entrerait en vigueur l'année prochaine.

Le risque de décès par surmenage

Actuellement, en moyenne, seulement moins de la moitié des vingt jours de congés payés par an, dont sont gratifiés les salariés avec au moins six ans et demi d'ancienneté, sont effectivement pris.

Certains n'utilisent d'ailleurs aucune de leurs journées de repos rétribuées, se contentant de tout ou partie des quinze jours fériés par an dans l'archipel (qui deviendront seize en 2016). Le législateur estime que cela peut aboutir à des décès par surmenage qui, au Japon, ont un nom précis: "karoshi".

Les Japonais sont réputés comme étant des travailleurs infatigables, rechignant à s'absenter de leur entreprise par sentiment de culpabilité et craignant d'être perçus comme "celui qui se repose en laissant trimer les autres à sa place". Leur productivité est néanmoins souvent qualifiée de faible par les observateurs extérieurs, qui estiment que cela explique en partie des lacunes de compétitivité des firmes de l'archipel.

Les syndicats réclamaient huit jours

La nouvelle disposition ne concernerait que les employés ayant droit à dix jours au moins de congés payés annuels, ce qui n'est pas forcément le cas de personnes œuvrant à temps partiel. Mais pour ces dernières, le risque sanitaire d'accident du travail ou de décès dû à la fatigue est jugé moins important.

D'après les informations de la presse, d'ailleurs, du fait de la charge trop importante qui en résulterait pour les entreprises, le gouvernement aurait décidé de ne pas répondre intégralement à la demande de syndicats, lesquels réclamaient un minimum de huit jours de congés obligatoires. Le patronat demandait de son côté que l'obligation ne porte que sur trois jours.