L'assourdissant silence du nouveau gouvernement espagnol

Par latribune.fr  |   |  547  mots
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Officiellement investi à la mi-décembre, il n'écarte aucune possibilité, comme demander une aide internationale. Mais le peu d'informations qui filtrent ne présagent rien de bon sur l'état des comptes publics.

L'économie espagnole est au bord de la récession et le coût de financement de la dette du pays est à la hausse sur des marchés obligataires nerveux, tandis que les banques espagnoles traversent de grandes difficultés. Quant au gouvernement de Mariano Rajoy, fraîchement élu, il reste très silencieux et fait planer le doute quant à la situation réelle des comptes publics.

"Je ne pense pas que la décision (de demander de l'aide) ait été prise (...), mais c'est l'une des possibilités sur la table, parce qu'on m'a interrogé à ce sujet. Mais nous avons besoin de plus de temps et de plus d'informations en l'état actuel des choses", a-t-on dit à Reuters.

Vérification des comptes publics avant les réformes

Ces informations font écho au doute semé mercredi par le nouveau gouvernement, en disant vouloir vérifier les comptes publics avant de dévoiler son programme, par crainte d'avoir des "surprises".

"Nous ne pouvons pas préparer un paquet de mesures, qui soit plus ou moins ambitieux, avant de connaître exactement l'effort de réduction de la dépense publique que nous devrons faire", a déclaré le coordinateur de campagne du Parti populaire (PP, droite), Miguel Arias Canete, à la radio privée Onda Cero. "Et ce n'est pas la même chose de procéder à une réduction de 15 milliards d'euros et à une de 30 milliards d'euros, les mesures sont très différentes", a-t-il ajouté. Pour cela, "nous devons voir quelle est la réalité du déficit budgétaire".

Même s'il se défend de vouloir alarmer l'opinion publique, ces déclarations ne sont pas sans rappeler les événements récents en Espagne. La droite qui s'est déjà imposée aux élections régionales de mai dans 11 des 17 communautés autonomes a depuis révélé l'existence de déficits bien plus élevés dans certaines régions que ceux annoncés initialement.

De quoi menacer l'ambition du gouvernement de réduire le déficit global du pays de 9,3% en 2010 à 3% en 2013. La Banque d'Espagne et la Commission européenne ont mis en doute cette éventualité, même si Rajoy a affirmé que les 4,4% visés en 2012 seraient atteints.

Une silencieuse passation de pouvoir

Depuis les élections de dimanche dernier, les pressions montent tant de la part des analystes, des agences de notation que de la chancelière allemande Angela Merkel, afin que Mariano Rajoy annonce déjà des mesures, même s'il ne devrait être investi dans ses nouvelles fonctions qu'à partir du 20 décembre. Mais depuis dimanche, Rajoy se fait très discret et reste muet quant à son programme.

"Le processus (de passation de pouvoirs, ndlr) n'est pas adéquat face aux turbulences financières, mais il est ce qu'il est", a reconnu M. Arias Canete. "Donc, il faut travailler pendant cette période pour qu'à partir de l'investiture nous soyons en mesure de mettre en marche les réformes nécessaires", a-t-il dit.

Une première réunion entre Zapatero et Rajoy, dont rien n'a filtré, a eu lieu mercredi ainsi qu'entre les représentants des deux équipes afin de se coordonner, notamment avant le sommet européen du 9 décembre à Bruxelles auquel Zapatero participera. D'ici là, d'autres mauvaises nouvelles pourraient tomber.