Les AAA de la France et de l'Allemagne ne sont peut-être pas encore perdus

Par latribune.fr  |   |  715  mots
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Malgré la mise sous surveillance négative des notes de quinze pays de la zone euro, l'agence S&P a laissé une porte entrouverte pour faire machine arrière et ne pas dégrader les notes. Fitch, de son côté, a maintenu le triple A de la France.

Simple rhétorique ou façon de s'aménager une porte de sortie ? Toujours est-il que le responsable de l'agence de notation Standard & Poor's est moins catégorique dans son discours de ce mardi. De fait, le passage pour les 15 pays de la zone euro d'une "surveillance négative" à une dégradation des notes ne semble pas encore totalement acté.

L'accord conclu entre la France et l'Allemagne pour renforcer l'intégration budgétaire entre les Etats européens est "prometteur" et pourrait permettre d'éviter à certains Etats de la zone euro un abaissement de leur note de crédit, a déclaré mardi un responsable de Standard & Poor's.

Frank Gil, chargé des notations de la zone Europe chez S&P, a estimé que le sommet européen de vendredi pourrait être une réussite si les dirigeants européens démontraient qu'ils ont une réelle stratégie de relance de la croissance et de mutualisation des risques.

"Cela pourrait être au moins ce qu'on a déjà entendu de la part de la France et de l'Allemagne et qui a l'air prometteur: une transition vers une sorte de transfert budgétaire, de partage budgétaire", a -t-il déclaré à Reuters Insider.

Des propos qui font écho aux déclarations du jour de François Fillon : "d'une certaine façon, c'est un appel à une gouvernance politique et économique plus solide, et notre réponse est sans ambiguïté : c'est l'accord franco-allemand élaboré hier par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel".

Le contrepied de Fitch

Contrairement à Standard & Poor's, l'agence de notation Fitch a estimé mardi que les fondamentaux économiques de la France soutenaient sa note AAA malgré la crise. Bien que la capacité du pays à absorber d'autres chocs soit largement épuisée, a-t-elle prévenu.

Maria Malas-Mroueh, analyste principale de Fitch sur la France, s'exprimait au lendemain de la mise sous surveillance avec implication négative de 15 pays de la zone euro par Standard & Poor's, dont la France.

"Le gouvernement a pris des décisions importantes pour renforcer la crédiblité de ses plans de consolidation budgétaire et le statut AAA de la France reste soutenu par des fondamentaux solides malgré la crise dans la zone euro", a-t-elle dit à Reuters. "Mais la capacité à absorber des chocs supplémentaires, si la crise devait s'aggraver a largement été épuisée."

Le FESF également dans le collimateur

Un peu plus tôt dans la journée, S&P a annoncé avoir placé sous surveillance négative la note du Fonds européen de stabilité financière (FESF). C'est une conséquence directe de sa décision de placer sous surveillance, lundi soir, les notes des principaux pays de la zone euro, France et Allemagne en tête.

Le FESF risque de voir sa note triple A rétrograder de un ou deux crans.

15 pays sous "surveillance négative"

Pour rappel, lundi soir, S&P a placé sous surveillance négative les notes qu'elle attribue à la dette à long terme de quinze pays de la zone euro, dont celles de l'Allemagne et de la France, les deux principaux contributeurs du FESF.

L'idée d'une éventuelle dégradation de la note de la France avait quelque peu fait son chemin ces dernières semaines, le sujet ayant agité notamment la primaire du parti socialiste et retrouvé un certain écho après l'envoi par erreur de S&P à une partie seulement de ses abonnés d'un message laissant à penser que cette note avait déjà été abaissée à la veille du week-end du 11 novembre.

La Tribune avait révélé, dans son édition du 29 novembre, que S&P allait placer l'Hexagone sous perspective négative "d'ici dix jours". François Fillon avait alors répondu : "La Tribune raconte n'importe quoi". Finalement, six jours seulement auront suffi...

Une annonce qui a suscité de très nombreuses réactions tout au long de la journée.

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