Le risque grec revient en force sur la scène européenne

Par Robert Jules  |   |  429  mots
Infographie La Tribune
Ce mercredi recommencent les négociations entre Athènes et les investisseurs privés sur un effacement partiel de la dette colossale du pays, une condition nécessaire pour sortir de la crise.

Le Premier ministre grec Lucas Papademos a moins d'une cinquantaine de jours pour éviter un défaut de la république hellénique sur sa dette souveraine. Pour cela, il faut d'abord commencer par obtenir un accord avec les créanciers privés pour qu'ils acceptent «volontairement» une décote sur leurs titres actuels et un échange avec de nouveaux titres de maturité de 20 à 30 ans. Les négociations doivent reprendre ce mercredi après avoir été suspendues vendredi.

Décote et rendement

Les discussions achoppent sur deux points : d'une part le niveau de la décote, Athènes veut qu'il soit supérieur à 50 %, et d'autre part le rendement des nouveaux titres proposés. Le lobby bancaire, l'Institut international de la Finance, sous la pression de certains acteurs, notamment les hedge funds, exige 5 %, le gouvernement est prêt à accorder 4,5 % au maximum, le FMI et l'Allemagne tablent sur moins de 4%.

Cet accord est l'une des conditions nécessaires au déblocage d'une deuxième aide à la Grèce de 130 milliards d'euros de la part de l'Europe et du FMI. Ce « haircut » vise en effet à ramener le poids de la dette grecque à 120% du PIB à l'horizon 2020, en effaçant 100 milliards d'euros des 350 milliards actuellement.

Athènes a d'autant plus besoin de cet accord car il attend, comme chaque trimestre, le déblocage d'une nouvelle tranche de sa première aide pour faire face à une échéance de remboursement de sa dette le 20 mars de l'ordre de 14,5 milliards d'euros, outre le paiement du fonctionnement des services de l'État. Et le déblocage est dépendant du rapport établi par les experts de la troïka (FMI, Banque centrale européenne et Commission européenne) qui débarquent cette semaine à Athènes pour analyser l'avancée du plan de réduction des déficits publics du pays.

Ce retour des difficultés de la Grèce sera un des points des discussions lors de la rencontre vendredi à Rome de la chancelière allemande Angela Merkel, du président français Nicolas Sarkozy et du Premier ministre italien Mario Monti. Car malgré les différentes aides, la Grèce qui va entrer dans sa cinquième année de récession menace toujours de contagion l'ensemble de la zone euro. Sans compter une population de plus en plus pénalisée par une politique d'austérité qui enfonce nombre de Grecs dans la pauvreté (lire page 7) et une multiplication des conflits sociaux. Mardi et ce mercredi, ce sont l'ensemble des médias qui observaient un arrêt de travail de 48 heures, privant le pays d'informations.