Le spectre du défaut grec plane sur le conseil de la BCE

Par Christèle Fradin  |   |  635  mots
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Le conseil des gouverneurs se réunit ce jeudi. Pour la plupart des économistes, la BCE pourrait passer son tour, en attendant de connaitre les effets de sa deuxième opération de prêts à trois ans aux banques qui aura lieu à la fin du mois.

Baissera ? Baissera pas ? Les marchés ont rendez-vous ce jeudi avec la Banque centrale européenne, alors que le conseil des gouverneurs doit tenir sa réunion de politique monétaire. Ramené à 1% en décembre dernier, le taux de refinancement, le principal taux de la BCE, est désormais à un plancher historique. Mais le briser ne semble plus être un tabou pour les membres de la banque centrale. Reste une inconnue : le timing de la prochaine baisse des taux.

Pour de nombreux économistes ou stratégistes, la BCE pourrait bien opter, ce mois-ci encore, pour l?attentisme. L?octroi, le 21 décembre, de quelque 489 milliards d?euros de prêts à trois ans à un taux de 1% aux banques a mis de l?huile dans les rouages. Mario Draghi l?avait d?ailleurs observé le mois dernier, estimant que l?opération avait permis d?éviter « une congestion majeure du système bancaire ». Et la BCE doit renouveler l?exercice à la fin du mois, le 29. Selon un sondage réalisé par Reuters, le marché s?attend à une nouvelle injection massive de liquidités, de 400 milliards d?euros. L?effet sur le marché interbancaire est notable. Encore supérieur à 1,40% à la mi décembre, le taux Euribor 3 mois se situe désormais à 1,015%.

Nouveau diagnostic économique
Pour d?autres, la BCE pourrait aussi être tentée d?attendre les nouvelles prévisions de croissance, qui seront données en mars, ou des avancées plus concrètes sur le dossier grec, alors qu?Athènes devra bientôt faire face à de nouvelles échéances en matière de remboursement de dette. Pour les économistes de Bank of America Merrill Lynch, la BCE pourrait éventuellement abaisser le taux de refi en mars, si la situation économique devait encore se dégrader. L?équipe de RBS a repoussé la perspective du passage sous le 1%, estimant que les enquêtes d?activité donnaient des signes de mieux. RBS table sur un refi à 0,75% en mars. Les stratégistes de BNP Paribas semblent aussi favoriser l?hypothèse d?un assouplissement en mars, sans exclure un geste dès jeudi.

Soutenir la production de crédits
« Devant une telle situation économique, pourquoi attendre », oppose Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel BGC. En décembre dernier, le scénario de la BCE était déjà guère enthousiasmant, avec une prévision d?évolution du PIB pour 2012 entre -0,4% et 1%. Pour l?économiste, l?inflation n?est pas un contre argument : « l?inflation endogène à la zone euro est quasi nulle. Une nouvelle baisse des taux est peut-être nécessaire si la BCE veut soutenir la production de crédits en zone euro. L?opération de prêts à trois ans a évité un credit crunch, au sens d?une pénurie d?offre de crédit, mais elle n?a pas empêché les banques de durcir les conditions de crédit ».

« Reste une question d?importance : que faire avec le taux de dépôt ? », souligne Jean-Louis Mourier. Aujourd?hui, celui-ci est fixé à 0,25%. « Si la BCE le maintenait à 0,25% tout en abaissant le taux de refi à 1%, elle réduira mécaniquement l?écart entre la rémunération des dépôts à son guichet et les taux interbancaires. Ce serait un mauvais signal envoyé aux banques. Cela reviendrait à les décourager de se prêter entre elles au moment où le marché interbancaire semble mieux fonctionner ». Pour Jean-Louis Mourier, la BCE devrait donc abaisser le taux de dépôt à zéro.

La question grecque

Ce rendez-vous avec la BCE, et la conférence de presse qui suivra, sera aussi l?occasion d?analyser le moindre commentaire de son président, Mario Draghi, s?agissant du dossier grec et d?une éventuelle participation de la BCE à un allègement de la dette d?Athènes.