A peine signé l'accord de Bruxelles, les mauvaises nouvelles pleuvent sur la Grèce

Par Romaric Godin  |   |  677  mots
Le gouvernement grec a annoncé qu'il révisait à la baisse la prévision de déficit à 6,7 % du PIB en 2012, contre 5,4 % prévus initialement. Copyright Reuters
Alors que le parlement grec étudie les nouvelles mesures d'austérité, Fitch a abaissé la note du pays de deux crans et les politiques européens continuent à douter de la capacité d'Athènes à tenir ses engagements. Une certitude : l'objectif de déficit pour 2012 ne sera pas atteint. Et bientôt, une seconde menace pourrait encore venir secouer l'Europe : le Portugal

Au lendemain de l'accord européen sur l'aide à la Grèce, les mauvaises nouvelles ne se sont pas taries sur le front de la crise de la dette européenne. L'agence de notation Fitch a dégradé ce mercredi de deux crans la note de la République hellénique à C contre CCC auparavant. Athènes a considéré qu'il s'agissait là d'un « mouvement formel », lié au risque notamment de voir la Grèce, en cas d'échec du plan volontaire d'échange d'obligations, prendre des décisions plus autoritaires. Mais il n'en reste pas moins que, vingt-quatre heures après l'accord de Bruxelles, cette dégradation n'envoie pas un signe encourageant.

Prévisions de déficits revues
Plus inquiétant, l'annonce faite par le gouvernement grec qu'il révisait à la baisse la prévision de déficit à 6,7 % du PIB en 2012, contre 5,4 % prévus initialement. Ce mouvement était attendu et dérive inévitablement de l'effondrement du PIB grec de plus de 6 % contre 5,5 % prévus en 2011. L'ennui, c'est que, selon l'accord du 21 février, la Grèce va désormais être placé sous tutelle et ne pourra recevoir l'argent nécessaire au paiement de ses dettes que si elle remplit les conditions fixés par ses bailleurs de fonds. Autrement dit, ces derniers vont devoir revoir leur copie sur leurs exigences de consolidation budgétaire ou lâcher Athènes. Un choix cornélien qui, à peine séchée l'encre de la signature de l'accord, se repose à nouveau.

Doutes néerlandais
En attendant, le parlement grec, la Vouli, se penchait mercredi en commissions sur les nouvelles mesures d'austérité de 3,186 milliards d'euros exigées par les bailleurs de fonds. Le texte devrait être adopté dès jeudi en séance plénière. Mais le scepticisme à l'égard de ces mesures reste dominant dans le nord de l'Europe. Le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager a, dans le Monde, a exprimé ses « doutes » sur la capacité de réformes de la Grèce. De son côté, Philip Rösler, le ministre allemand de l'Economie, a invité les Européens à « renforcer la pression politique » sur Athènes afin qu'il n'y ait plus de « prestations sans contreparties » de la part de l'Europe.

La parole au Bundestag
Les regards vont du reste à nouveau se tourner vers Berlin où, lundi, le Bundestag devra donner son accord sur cet accord européen. Le gouvernement fédéral va s'efforcer d'obtenir une majorité issue de ses propres rangs. On se souvient qu'elle avait été atteinte de peu en septembre sur le renforcement du FESF. Alors que la puissante « ligue des contribuables » allemande a appelé les députés à rejeter le texte, le ministre fédéral des Finances, Wolfgang Schäuble, tente de montrer qu'il cherche à réduire la facture pour l'Etat allemand en demandant au FMI, dont le montant de la participation à cette seconde aide est encore incertain, un effort supplémentaire.

La menace portugaise
Mais une seconde menace pourrait encore venir secouer l'Europe : le Portugal. Les rumeurs autour d'une nouvelle aide à Lisbonne ne cessent de se répandre sur les marchés. Même si le pays a réalisé les réformes structurelles demandées, est dans une situation bien moins difficiles que la Grèce et que la Commission a encore, mardi, répété qu'il n'était pas question de revoir les plans d'aide à ce pays, beaucoup y voient le prochain maillon faible de la zone euro. Compte tenu de l'ampleur de la récession, les mesures pourraient se montrer insuffisante pour atteindre les objectifs. Car désormais, les marchés pourraient plus s'intéresser aux perspectives de croissance à court ou moyen terme qu'aux réformes structurelles. Mardi, dans la foulée de l'accord de Bruxelles, le taux à 10 ans portugais a grimpé de 18 points de base à 12,45 %. Un niveau encore loin des 15 % de janvier, certes. Mais si la tension autour du pays de Camoens s'inscrit dans le temps, les objectifs de Lisbonne pourraient être compromis. Et le Portugal deviendrait alors le nouveau cauchemar de l'Europe.