La Chine pose ses conditions à une aide à l'Europe

Par Romaric Godin  |   |  601  mots
Pékin vise notamment l'enquête lancée par l'UE le 21 décembre dernier sur les importations de certains aciers chinois. Selon les autorités chinoises, cette initiative « nuira aux efforts sino-européens de répondre à la crise ». Copyright Reuters
Pékin réclame la suspension d'enquêtes européens sur des dumpings supposés avant de dire oui à toute participation à l'aide à l'UE pour l'aider à sortir de la zone euro. Tokyo aidera, lui, le FMI, mais réclame plus d'engagement des pays de la zone euro.

La Chine pose ses conditions à une éventuelle aide à l'Union européenne. Le ministère chinois du Commerce a ainsi ouvertement lié jeudi son aide à la fin de deux enquêtes menées par Bruxelles sur d'éventuels dumpings menés par l'Empire du Milieu. "Quand l'économie mondiale n'est toujours pas sortie de la crise financière et que plusieurs pays européens sont englués dans la crise de la dette souveraine, tous les pays devraient adopter une attitude coopérative, ouverte et tolérante pour surmonter cette crise", écrit le site officiel du ministère.
Pékin vise en réalité l'enquête lancée par l'UE le 21 décembre dernier sur les importations de certains aciers chinois. Enquête qui s'est ajoutée à une précédente visant les subventions recueillies par le secteur en Chine. Selon les autorités chinoises, cette enquête, que Pékin juge conforme aux règlements de l'OMC, « nuira aux efforts sino-européens de répondre à la crise ». Le message est donc clair : si Bruxelles suspend ces enquêtes, la Chine pourra envisager de venir aider l'UE avec ses réserves de changes de 2.300 milliards de dollars. Sinon, l'Europe devra se passer de la manne chinoise.

Tokyo promet 50 milliards d'euros
Le 21 juillet dernier, le conseil européen avait annoncé envisager la création d'un véhicule financier (un SPV ou Special Purpose Vehicle) destiné à recueillir des fonds privés et publics autres que ceux des pays membres de la zone euro pour venir soutenir les efforts du Fonds européen de stabilité financière (FESF) et son successeur le Mécanisme européen de stabilité. Outre cette création, toujours en attente, l'aide des pays extra-européen peut se concrétiser par l'intermédiaire du FMI qui n'a pas encore décidé du montant qu'il mettrait sur la table pour participer au plan de soutien aux créanciers de la Grèce décidé le 20 février dernier. Ce jeudi, on a appris que Tokyo, par exemple, envisageait de verser 50 milliards de dollars (environ 38 milliards d'euros) au FMI pour l'aider à agir en Europe. Le ministre des Finances japonais a néanmoins prévenu dans une déclaration commune avec son homologue britannique que « le FMI ne pouvait se substituer aux Européens eux-mêmes ». Réponse à peine voilée aux tentatives de Berlin de réclamer plus d'aide de la part de l'institution de Washington. Du reste, l'option du SPV semble désormais presque abandonnée.

Croissance
Certes, la Chine souffle le chaud et le froid. Le gouverneur de sa banque centrale avait, lundi dernier, juré que Pékin souhaitait continuer à investir dans les obligations souveraines de la zone euro. Il faut dire que le ralentissement de l'économie européenne n'est pas sans impact sur la conjoncture chinoise. Pour autant, les dirigeants de la zone euro ne peuvent désormais plus croire pouvoir financer une partie des plans de sortie de la crise par les pays asiatiques. A moins d'en accepter, bien sûr, le coût pour leurs propres acteurs économiques.

La Chine en 2030 : réformes obligatoires

Une étude de la banque mondiale et d'un institut gouvernemental chinois met en garde les autorités de Pékin. Parvenue à un certain niveau de revenus, l'économie chinoise risque de décélérer rapidement. L'étude appelle à une réforme du secteur bancaire et à un changement de la gestion des sociétés détenues par l'Etat. « Le gouvernement chinois doit décider, écrivent les auteurs, s'il veut un capitalisme dominé par l'Etat ou un capitalisme de libre-échange et d'entrepreneurs ».