Pas d'aide du FMI à l'Europe tant qu'elle n'aura pas créé son "pare-feu"

Par latribune.fr avec AFP  |   |  538  mots
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Toute augmentation des ressources financières du Fonds monétaire international risque d'attendre que la zone euro ait achevé d'oeuvrer en interne contre la crise, à en croire les délégations du G20 qui doivent se retrouver à Mexico samedi.

Le FMI est à la recherche des sommes nécessaires pour accroître de 500 milliards de dollars ses ressources prêtables, afin de faire face à la crise de la dette dans la zone euro et à ses retombées. La zone euro, qui a promis 150 milliards d'euros (200 milliards de dollars) en décembre, aimerait que l'affaire avance.

D'après un responsable d'une délégation européenne, le raisonnement est "d'avoir toujours plus de polices d'assurance, pas pour s'en servir mais pour montrer qu'en cas de besoin il est possible de réagir". Le FMI souhaite des progrès dès cette réunion des ministres des Finances et banquiers centraux à Mexico. Il espérait que la question "serait à l'ordre du jour du G20", affirmait jeudi le porte-parole de l'institution, Gerry Rice. "Ce que nous avons dit avec constance, c'est que compte tenu de la situation de l'économie mondiale, nous pensons qu'il est nécessaire que ce qui a été appelé le pare-feu financier mondial protège des pays contre le risque de contagion. Une partie de ce pare-feu est une augmentation des ressources du FMI", poursuivait ce porte-parole.

Les Etats-Unis, le Brésil, le Canada et le Japon freinent

Mais le reste du monde n'est pas si pressé. Les Etats-Unis, le Brésil, le Canada, le Japon et d'autres considèrent que l'Union européenne doit d'abord mettre en place son "pare-feu" à elle, le Mécanisme européen de stabilité (MES), lors d'un sommet prévu le 2 mars. Ensuite seulement viendra le temps de parler des ressources du FMI. "L'ordre approprié des décisions veut que l'Europe mette en place un pare-feu notablement plus important et plus efficace que celui qui existe actuellement, et qu'une fois cela fait, nous puissions estimer si on a besoin de donner plus de ressources au FMI", a résumé jeudi un responsable gouvernemental canadien.

Face à la crise de la dette, qui a pris en 2011 des apparences d'incendie en zone euro, ce mot de "pare-feu" est devenu le leitmotiv du G20. "Si nous augmentons les ressources du Fonds, nous devons avoir la certitude que le pare-feu européen est suffisant", a affirmé jeudi un responsable du ministère brésilien des Finances. "Le FMI peut venir derrière comme deuxième ligne de défense, mais ce qui va importer le plus, c'est l'engagement de la zone euro elle-même", disait la veille la sous-secrétaire au Trésor des Etats-Unis, Lael Brainard.

"La zone euro doit accroître les ressources de son pare-feu de sorte à ce que les marchés soient rassurés", lisait-on dans une tribune cosignée par les ministres des Finances britannique George Osborne et japonais Jun Azumi dans le Financial Times. La présidence mexicaine du G20 n'a pas l'intention de hâter le processus. Un objectif raisonnable, d'après elle, est d'arriver à un consensus au moment du sommet des chefs d'Etat et de gouvernement en juin. "Les choses seront plus claires" à cette époque-là, estimait début février le ministre des Finances José Antonio Meade. "Nous n'avons pas d'engagements spécifiques à ce sujet, ni de chiffres, mais nous sommes encouragés par les signaux" envoyés par les Etats membres, a concédé le porte-parole du FMI.