Grèce : les créanciers privés effacent 107 milliards et en reprennent pour 30 ans

Par latribune.fr avec AFP  |   |  368  mots
Copyright Reuters
En échange d'une obligation d'un montant initial de 100, la Grèce propose de donner aux créanciers des titres d'une valeur de 46,5 et de renoncer au reste.

Les nouvelles obligations que recevront les créanciers qui accepteront l'échange sont, pour 31,5 de la valeur initiale, des titres grecs et pour 15, des titres du Fonds européen de stabilité (FESF). Les obligations du FESF seront de faible durée, pour permettre aux créanciers de recevoir rapidement des liquidités, sans doute dans les deux ans. Les titres grecs, en revanche, seront d'une durée bien supérieure à ceux que détenaient jusqu'ici les créanciers privés. Concrètement, pour chaque titre échangé, le créancier en recevra 20 nouveaux, d'une durée étalée entre 11 et 30 ans.

L'objectif est de repousser les échéances de remboursement de la Grèce sur les montants qu'elle accepte encore d'honorer pour lui laisser le temps de se rétablir. Le fait d'immobiliser l'argent plus longtemps que prévu a un coût pour les créanciers privés, ce qui va se traduire dans leurs comptes par une perte sur les 46,5 préservés lors de l'échange. Autrement dit, il ne s'agit pas d'un échange standard. "Quand on vous propose de vous rembourser dans 10 ans ou dans 30 ans, vous choisissez toujours 10 ans", dit Xavier Paper, associé fondateur du cabinet Paper Audit & Conseil. Obliger un créancier à attendre 30 ans au lieu de 10 pour obtenir remboursement augmente mathématiquement le risque de non-remboursement et l'empêche de choisir d'autres placements.

En outre, le taux d'intérêt des nouvelles obligations n'est que de 3,65% environ en moyenne, soit sensiblement moins que celui des titres que les créanciers privés avaient en leur possession. Ce rendement moins intéressant induit également une perte supplémentaire pour les créanciers privés. Dans le détail, l'appel d'offre précise que les taux d'intérêt des nouvelles obligations seront de 2% pour les titres arrivant à échéance entre 2013 et 2015, 3% entre 2016 et 2020, 3,65% pour les échéances de 2021 et 4,3% pour ceux à partir de 2022 et au-delà.

Au total, la perte finale devrait donc se situer autour de 73% de la valeur qui était retenue dans leurs comptes. Du point de vue de la Grèce, en revanche, l'effacement est bien de 53,5% de l'ardoise détenue par les créanciers privés, soit 107 milliards d'euros.