Mais où est donc passé François Baroin ?

Par Florence Autret, à Bruxelles  |   |  597  mots
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Le ministre français de l'Economie et des Finances a été absent ou très en retrait sur la crise de l'euro lors des dernières rencontres à Bruxelles avec ses homologues européens. Un désengagement remarqué au niveau européen.

François Baroin sera jeudi après-midi à Bruxelles. C'est inscrit dans son agenda. Jean-Claude Juncker, le patron de l'Eurogroupe, a convoqué une réunion des ministres des Finances de la zone euro pour parler de la Grèce, de son programme d'échanges d'obligations publiques et des réformes préalables au versement d'une nouvelle tranche d'aide. Le ministre français participera à la réunion. C'est certain. Quel message y portera-t-il? Pourra-t-on connaître sa version des débats entre ministres sur un programme d'aide à la Grèce qui engage Paris pour plusieurs dizaines de milliards d'euros? Cela l'est déjà moins.

Seul un "doorstep" pour 130 milliards d'euros

Ces dernières semaines, le locataire de Bercy s'est fait pour le moins discret tant à l'égard de ses confrères que des journalistes bruxellois. Le 21 février, par exemple, après la négociation marathon sur le deuxième plan grec, le ministre allemand Wolfgang Schaüble se fendit d'une longue conférence de presse pour expliquer les détails de ce plan aussi complexe que coûteux. Le Premier ministre italien Mario Monti fit de même. On venait de négocier douze heures et il y avait tout de même 130 milliards d'euros en jeu. On aurait bien aimé connaître la version française. François Baroin se contenta d'un « doorstep », autrement dit un rapide échange sur le seuil de la porte du bâtiment du Conseil face à quelques caméras clairsemées.

C'était toujours mieux que lors de la rencontre précédente : le 9 février. Dans les couloirs du Conseil des ministres, à Bruxelles, le ministre était annoncé « en retard » mais présent, tout de même. Alors que la réunion avait commencé depuis plus de deux heures, il devint tout à fait clair qu'il ne viendrait pas. Explication fournie par une source française : « Quand il a compris qu'on ne prendrait pas de décision ce soir, il a décidé de ne pas venir. » Ses homologues allemand, néerlandais, italien, notamment, n'avait pas eu les mêmes états d'âme, même si Berlin pestait en coulisse contre le manque de préparation de la réunion.

Mal à l'aise sur le dossier grec

Depuis son arrivée à la tête de Bercy à la fin de juin 2011, François Baroin est visiblement mal à l'aise tant sur le dossier grec que sur celui de l'euro. Il ne le doit pas qu'à sa très brève expérience de ces sujets. Les ministres des Finances sont en effet doublement court-circuités. Au niveau technique, les discussions sont menées en coulisse par une poignée de super-fonctionnaires et de banquiers. Côté français, la crise a révélé le rôle clé joué par deux personnages de l'ombre : le secrétaire général de l'Elysée Xavier Musca, et le directeur du Trésor Ramon Fernandez qui représente son ministre quand celui-ci est absent et l'assiste le reste du temps. Et quand il ne s'agit plus d'ingénierie financière mais de politique, les enjeux sont tels qu'ils ne peuvent être tranchés que par les chefs d'Etat et de gouvernement.
Cependant, les partenaires de la France voient aussi dans les aléas de la présence française lors des rencontres ministérielles un syndrome électoral. Sur la Grèce, "on a l'impression qu'en France c'est : "on leur donne les sous et ils nous foutent la paix". Cela conduit à une vision à très court terme", commentait une source européenne avant la dernière de ces réunions.