Dette grecque : les cinq travaux du FESF

Par Romaric Godin  |   |  583  mots
Klaus Regling, président du FESF. Copyright AFP
Le Fonds européen de stabilité financière et son successeur le MES vont désormais devoir jouer les premiers rôles.

La balle est désormais dans le camp du FESF. Avec la restructuration de la dette détenue par les investisseurs privés, la question de la dette grecque est transférée au fonds européen qui, à partir du 1er juillet, deviendra le Mécanisme européen de Stabilité ou MES.

Sweeteners
La première tâche des services de Klaus Regling, le président du FESF, sera de financer l'offre d'échange. C'est à lui que revient de trouver les 30 milliards d'euros d'incitations (« sweeteners ») prévus dans l'accord avec les investisseurs. Il devrait pour cela disposer de deux années puisque ceux qui ont accepté l'échange vont recevoir des obligations à deux ans du FESF.

Premier et deuxième plans
Le fonds européen va devoir, par ailleurs, financer le déficit de l'Etat grec qui ne peut plus avoir accès au marché. II va reprendre à sa charge le reliquat du premier plan de soutien de mai 2010 qui, en théorie, devait faire l'objet de prêts bilatéraux entre Athènes et ses partenaires, soit 24 milliards d'euros. A cela vont s'ajouter les quelques 70 milliards d'euros prévus par le second plan pour le budget grec. Un chiffre qui dépendra d'un fait encore inconnu : le montant de l'intervention du FMI.

Recapitalisation des banques
Mais la tâche la plus urgente du FESF va être d'évaluer les besoins du secteur financier grec, première victime de l'offre d'échange. 40 milliards d'euros sont à disposition selon le plan européen, mais selon les rumeurs qui circulent sur les marchés, le secteur n'aurait dans l'immédiat besoin que de 23 milliards d'euros pour se recapitaliser. Une aubaine pour Klaus Regling qui préfère sans doute ne pas griller d'emblée toutes ses cartouches.

Portugal et Irlande
Car le FESF n'imprime pas l'argent qu'il verse. Il le lève sur les marchés grâce à la garantie des Etats européens et particulièrement de l'Allemagne. Son activité d'émission va donc être soutenue. Jusqu'ici, il n'avait aidé que le Portugal et l'Irlande, leur accordant 44 milliards d'euros, dont 21 milliards a été levés. Cette fois, le FESF va devoir lever rapidement au moins 23 milliards d'euros et d'ici deux ans plus de 125 milliards d'euros. C'est dire s'il va changer de dimension.

Contagion
Reste son plus grand défi : la contagion. Le FESF et le MES ont été utilisés par les Etats de la zone euro pour financer le déficit grec. Mais ce n'était pas son but premier. Il s'agissait de venir en aide aux autres pays afin d'empêcher la crise de toucher des Etats comme l'Espagne et l'Italie. Le 21 juillet dernier, on l'avait ainsi autorisé à intervenir sur le marché secondaire de la dette d'Etat. Mais Cette tâche paraît désormais au-dessus des forces du Fonds et du futur MES.
Avec 500 milliards d'euros de capacité potentielle d'endettement totale, cette institution ne dispose plus que d'un peu plus de 200 milliards d'euros. Une flaque d'eau pour éponger un potentiel incendie de forêt. D'autant qu'il y a pire. Si les investisseurs estiment que le FESF et le MES ne sont pas en mesure de contrer une attaque sur l'Italie et l'Espagne, ils hésiteront à faire confiance à ces Etats. Les taux risquent donc de s'en ressentir et la crise de redémarrer.
La question d'une addition des forces du MES et du FESF reste d'une actualité brûlante. Mais la réponse réside dans les chemins sinueux de la politique allemande.