L'amère défaite européenne de Nicolas Sarkozy sur sa taxe "Tobin"

Par Romaric Godin  |   |  514  mots
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Les ministres des Finances de la zone euro ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur une taxe communes sur les transactions financières. La France a perdu une bataille et risque de se retrouver isolée.

C?est une défaite du gouvernement français qui est passée assez inaperçue : lors de leur réunion de mardi, les ministres de l?Economie et des Finances ne sont pas parvenus à se mettre d?accord sur la mise en place d?une taxe sur les transactions financières au niveau de la zone euro. C?est une véritable gifle infligée au gouvernement français qui espérait faire de sa propre taxe un « modèle » pour le reste de l?Europe.

Pas de taxe à 17

On savait que son établissement au niveau de l?union des 27 était d?ores et déjà impossible puisque le Royaume-Uni, la Suède et la République tchèque n?en voulaient pas. Mais Paris espérait du moins obtenir son établissement dans les 17 de la zone euro. La France pouvait compter sur le soutien de l?Allemagne qui avait cependant prévenu vouloir n?appliquer cette taxe qu?en cas d?accord au niveau de l?UEM. Mais plusieurs économies très dépendantes du secteur financier où craignant de une concurrence de la place de Londres, épargnée par la taxe, ont dit « non » à un impôt commun. Le Luxembourg, les Pays-Bas menaient l?opposition à laquelle se sont ralliées l?Italie et la Finlande. Cette dernière craint notamment de voir le peu de sociétés qui restent cotées à Helsinki s?enfuir à Stockholm. Le ministre des Finances du Grand-duché, Luc Frieden, a ainsi résumé la position de ces pays : « Les 27 doivent en être, sinon pas de taxe ».

Défaite française

La défaite de Nicolas Sarkozy est particulièrement amère. Voici encore quelques semaines, Bercy pouvait arborer une lettre signée de neuf ministres des Finances et adressée à la présidence danoise pour demander une accélération sur ce dossier. Or, deux de ces signataires, les ministres finlandais et italiens ont changé de camp. Le 1er août, Paris sera donc seule à mettre en place sa propre taxe sur les transactions financières qui était incluse dans le projet de loi de finance rectificatif adopté par le parlement. A partir de cette date, les transactions sur les actions de sociétés basées en France ainsi que celles sur les CDS « à nu » (sans sous-jacent réel) et le « trading à haute fréquence » seront frappées d?une taxe de 0,1 % de leur montant, ce qui pourrait rapporter 4 milliards d?euros. Mais cette taxe sera isolée.

Espoir allemand

En Allemagne, on entend pourtant chercher des « alternatives ». Wolfgang Schäuble a promis de « faire de nouvelles propositions ». Il faut dire que le gouvernement fédéral allemand est sous la pression de son opposition qui a fait de cette taxe un cheval de bataille. Pour accepter de voter, comme c?est nécessaire, le « pacte de stabilité », autrement dit le nouveau traité européen, Verts et Sociaux-démocrates pourraient exiger l?adoption de cette taxe. C?est l?espoir du gouvernement français qui, pour une fois, est l?allié objectif du centre-gauche allemand.