L'Andalousie s'apprête à tourner la page de 30 ans de socialisme

Par Agathe Machecourt (avec AFP)  |   |  482  mots
Copyright AFP - La "Plaza de Espana", à Séville.
Ambiance de fin de règne en Andalousie. Les socialistes, aux commandes depuis 30 ans, seront probablement éjectés du pouvoir par les conservateurs, lors des élections régionales de dimanche. Ils paient leur gestion de la crise et des choix de développement régionaux contestés.

En Andalousie, la gauche s'apprête à vivre dimanche une défaite historique. La région, gouvernée depuis 30 ans par les socialistes, devrait tomber dans l'escarcelle des conservateurs. Dans un pays où le poids des régions dans l'économie est considérable - elles gèrent la plupart des budgets sociaux -, le basculement andalou à droite serait bienvenu pour le gouvernement de Mariano Rajoy. Celui-ci impose au pays une cure d'austérité drastique depuis qu'il est arrivé au pouvoir en décembre dernier. Et compte bien sur cette victoire pour asseoir un peu plus son autorité et annoncer de probables nouvelles mesures.

Une région très touchée par la crise

Côté andalou, les raisons d'un tel basculement sont à chercher avant tout dans le bilan économique de la région. Le bastion socialiste détient le triste record du taux de chômage le plus élevé du pays à plus de 31 %, quand il approche les 23 % au niveau national. L'activité andalouse, qui reposait, il y a peu encore, principalement sur l'agriculture et l'immobilier, a subi de plein fouet l'explosion de la bulle immobilière en 2008. La région avait beaucoup misé sur l'expansion du tourisme sur les bords de la Méditerranée dès les années 1960. Mais les emplois détruits en 2008 n'ont pu être recréés. Et même dans l'agriculture, pourtant principale activité de cette région du Sud, les choses ne vont plus de soi. Car l'Espagne est aujourd'hui championne du monde de la production d'huile d'olive: elle fournit la moitié de la consommation mondiale et devrait atteindre un nouveau record historique à 1,6 million de tonnes cette année. Pourtant les cultivateurs andalous sont inquiets. Ils voient d'un très mauvais ?il l'accord signé en février, visant à libéraliser davantage les échanges commerciaux agricoles entre l'Union européenne et le Maroc. « A moyen et à long terme, cela met en danger la production espagnole », affirme Miguel Cobos Garcia, secrétaire général de l'Union des petits agriculteurs (UPA) à Cordoue.

Un bilan économique difficile à défendre

Ainsi, le chômage est la priorité absolue pour 95% des Andalous. Et les socialistes, en très mauvaise posture, se présentent aux élections avec un bilan bien difficile à défendre.

D'autant qu'ils traînent un tout autre boulet. A quelques jours du scrutin, une juge d'instruction a envoyé en détention provisoire un ancien haut responsable du ministère régional du Travail et son chauffeur, accusés de malversations. Ces derniers se seraient attribués et auraient distribué des fonds publics destinés à financer des plans sociaux, et des aides aux entreprises en difficulté. Notamment pour l'achat de cocaïne.

Si le président socialiste sortant, Jose Antonio Grinan, se défend de tout lien avec ces pratiques abusives, les socialistes n'ont en tout cas jamais été si proches d'une défaite aux proportions historiques dans cette région.