Grèce : l'élection de tous les dangers

Par Romaric Godin  |   |  543  mots
Le Parlement grec. Copyright AFP
Le gouvernement Papadémos a annoncé la dissolution du parlement grec et de nouvelles élections pour le 6 mai prochain. Mais constituer un gouvernement après le scrutin va relever de la gageure.

Cette fois, c'est officiel. Les prochaines élections parlementaires grecques auront lieu le 6 mai prochain, le même jour que le second tour de l'élection présidentielle française. C'est ce qu'ont confirmé les services du premier ministre grec Lukas Papademos. Le gouvernement a justifié la dissolution de la Vouli, le parlement unicaméral hellénique élu en septembre 2009, par les réformes et les mesures d'économies que le pays doit encore mettre en ?uvre afin de satisfaire aux exigences du plan européen. Pour cela, le gouvernement aura besoin d'un nouveau mandat populaire. Cette justification est nécessaire au regard de la constitution grecque pour qui la dissolution ne peut avoir lieu qu'en raison de « circonstances exceptionnelles d'importance nationales ».

Faiblesse des partis traditionnels

Le gouvernement Papademos aura cependant bien du mal à obtenir ce mandat populaire. Les dernières enquêtes réalisées par l'institut Public Issue (PI) et GPO signalent une atomisation accélérée du paysage politique. Plus aucun parti n'enregistre plus de 20 % des intentions de vote. Le parti conservateur, la Nouvelle Démocratie, est crédité de 19 % des intentions de vote par PI et de 18,5 % selon GPO. Le score du Pasok social-démocrate s'est récemment amélioré, mais plafonne à 14 %. Autrement dit, les deux partis traditionnels qui se sont engagés à respecter les engagements européens et qui soutiennent Lukas Papademos ne glaneraient pas plus de 33 % des voix.

Une opposition éclatée


En face, s'opposent deux camps irréconciliables à gauche et à droite non seulement entre eux, mais également avec les deux partis précités, puisque tous rejettent le plan européen. Le sondage PI donne les trois partis à la gauche du Pasok, la Gauche démocratique (Dimar), l'alliance de gauche (Syriza) et le KKE marxiste orthodoxe, à 34 %. GPO leur attribue 21 % des voix seulement, signe d'une volatilité extrême de l'électorat.  Une chose est certaine : ces chiffres globaux ne signifient rien puisque le KKE, crédité de 8 à 9 % des voix, refuse de s'allier à Dimar ou Syriza. Lesquels ont posé des conditions inacceptables à une alliance avec le Pasok.

A droite, les Grecs Indépendants, dissidents de la ND et opposés au plan européen, ont le vent en poupe. On leur attribue de 7 % (GOP) à 11 % des voix (PI). Mais là encore, on voit mal comment ceux qui se sont définis par une opposition au plan européen, viendraient accepter de l'appliquer. Même chose pour les deux partis d'extrême-droite, le Laos et la Flêche d'Or qui, ensemble, obtiendraient de 8 à 9 % des voix. Elément supplémentaire d'incertitude : près d'un cinquième des personnes interrogées n'ont toujours pas fait leur choix.

Les marchés inquiets

Le 17 mai prochain, lors de la réunion de la nouvelle Vouli, il sera donc bien difficile de trouver une formule de gouvernement. Or, sans gouvernement, on voit mal comment le pays pourrait appliquer le plan européen. La menace d'un défaut désordonné du pays, incapable de faire face à ses obligations, associé à une sortie forcée de la zone euro pourrait donc redevenir d'actualité. Dans ce cas, les marchés pourraient à nouveau redevenir très nerveux dans un contexte marqué par le résultat des élections françaises. La crise européenne n'est décidément pas terminée.