La vente des îles grecques repart

Par Romaric Godin  |   |  429  mots
Lîle de Skorpios, propriété de la famille Onassis dans la mer Ionienne.Copyright Kathimerini
Si Athènes ne veut plus officiellement vendre ses îles désertes, le marché des îles privées repart. Les grandes familles cherchent ainsi à échapper aux taxes votées par l'Etat grec. Non sans mal.

« Un faillis doit vendre tout ce qu?il a pour rembourser ses créanciers. La Grèce possède des bâtiments, des entreprises et des îles inhabitées. Elle doit les utiliser pour amortir ses dettes. » Ces propos, dans la Bild Zeitung , de février 2010 du chef des petits patrons chrétiens-démocrates allemands, Josef Schlarmann, avait suscité en Europe beaucoup d?indignation. Un temps évoquée par la presse britannique et, notamment The Guardian, la cession des îles désertes détenues par l?Etat a été démentie depuis par Athènes.

Ventes d?îles privées

Pour autant, la crise a eu des conséquences sur les ventes d?îles privées. Le quotidien grec Kathimerini relate ainsi dans son édition de mercredi qu?après trois ans de calme absolu sur les transactions, ce marché est sur le point de repartir. La raison n?est pas sans lien avec la crise : les grandes familles fortunées grecques, qui sont souvent propriétaires de ces terrain,s cherchent désormais à les céder pour mettre leurs fonds « à l?abri » de la taxation sur la fortune récemment mis en place par Athènes.

Trois exemples

Kathimerini cite au moins trois exemples d?îles à vendre. Oxia, une île de 5 km² dans la mer ionienne, près d?Ithaque, a été cédée par la famille Stamboulis à la famille de l?émir du Qatar. Patroklos, qui se situe au large du Cap Sounion, l?extrémité sud de l?Attique, est également mise en vente par la famille Giatrakos. Enfin, la famille Onassis voudrait vendre la mythique Skorpios, également en mer ionienne.

Marché difficile

Ces ventes ne sont pas aisées. Les règles environnementales et archéologiques obligent les propriétaires à engager des dépenses considérables. Certes, dans certains cas, comme dans celui de Patroklos, le potentiel commercial peut être considérable. Kathimerini évoque un prix possible de 100 millions d?euros. Dans la plupart des cas, cependant, les règles et surtout le peu d?intérêt des investisseurs pour la Grèce actuellement a tendance à établir une pression négative sur les prix. Oxia aurait ainsi été vendue pour 5 millions d?euros, près de 2 de moins que ce que visaient les vendeurs. Quant à Giatrakos, elle ne trouverait pas vendeur et les Onassis envisageraient un bail emphytéotique de 99 ans plutôt qu?une vente pure et simple. C?est dire si l?idée de Josef Schlarmann revenait à la mode, elle serait loin de pouvoir sauver la république hellénique?