Athènes veut ficher les dépenses des Grecs

Par Marina Torre  |   |  289  mots
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Les dépenses des Grecs bientôt sous l'œil d'Athènes ? Un projet du gouvernement d'Athènes de ficher les transactions de la population afin de lutter contre la fraude fiscale filtre depuis ce jeudi dans la presse hellène.

Pour traquer les fraudeurs, le gouvernement grec serait prêt à employer les grands moyens. Il s'apprêterait en effet à créer un fichier géant retraçant toutes les transactions effectuées par la population, comme l'indique ce jeudi le quotidien Kathimerini. Leurs échanges avec les banques, les caisses d'assurance, mais aussi les services publics et les hôpitaux seront pris en compte. L'objectif est clair: il s'agit de démasquer les revenus non déclarés en les comparant avec les dépenses.

Un "big brother" fiscal?

Les établissements financiers, les sociétés de téléphonie, la Bourse ainsi que les hôpitaux et les cliniques devront fournir des données sur leurs clients ou leurs usagers.  Les fournisseurs d'électricité et d'eau pourraient être appelé à faire de même. Parmi les informations divulguées au gouvernement : montants et dates de prêts, hypothèques ou encore soldes des comptes, contenu des portefeuilles d'action, factures téléphoniques et même frais de santé. Le ministère des Finances compilera ces données et les conservera pendant 6 ans.

Ce projet inquiète déjà. Le quotidien Eleftherios Typos dénonce un "Big Brother" coupable d'atteinte au droit du respect de la vie privée. De son côté, le gouvernement de Lucas Papademos poursuit la politique de rigueur budgétaire engagée par son prédécesseur et imposée par les créanciers du pays. Au nombre de ses engagements, la lutte contre la fraude fiscale figure en bonne position. Et pour cause : l'économie informelle représenterait un tiers des revenus du pays et l'évasion fiscale coûterait jusqu'à 13 milliards d'euros à l'Etat selon une étude menée pour le journal Ta Nea fin 2011.