MES : un nouveau front s'ouvre au sein de la zone euro

Par Romaric Godin  |   |  526  mots
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Selon la Süddeutsche Zeitung, la BCE et des pays de la zone euro non cités prépareraient une réforme du Mécanisme européen de stabilité (MES) pour lui permettre d'aider les banques à se recapitaliser. Berlin pousse déjà des cris d'orfraie !

A peine l?encre qui a servi à signer le traité sur le Mécanisme européen de stabilité (MES), le successeur du FESF, est-il sec, à peine a-t-on entamé la ratification de ce traité, que déjà les réflexions pour en modifier le contenu vont bon train.

Un Fonds d?aide aux banques

Selon la Süddeutsche Zeitung, la BCE et un « groupe de pays de la zone euro » travailleraient à « un haut niveau » à une initiative permettant aux banques en difficulté d?aller se refinancer directement auprès du MES. Dans le traité actuel, le MES peut aider les Etats à recapitaliser leurs banques, mais n?est pas autorisé à financer directement les établissements financiers. Le quotidien munichois croit savoir qu?un « groupe de travail » de l?ensemble des pays de la zone euro examinera comment cette aide bancaire peut se mettre en place au cours des deux prochaines semaines. Le MES deviendrait ainsi une sorte de fonds d?aide bancaire comme en a connu l?Allemagne avec la Soffin pendant la crise en 2009 et 2010.

Le traité actuel est conçu pour les Etats

L?ennui, c?est que le MES n?est pas conçu dans cette optique. S?il prête de l?argent exclusivement aux Etats, c?est parce qu?il peut conditionner ces aides à des « programmes d?ajustements macroéconomiques », autrement dit à des plans de rigueur sous la surveillance de la troïka FMI-BCE-Commission. Comment pourrait s?organiser une aide aux banques qui est une toute autre compétence ?

Opposition allemande

L?Allemagne est du reste le premier opposant à une telle réforme. Wolfgang Schäuble a affirmé qu?il ne participait pas à ces discussions et a rappelé que le traité signé le 2 février dernier ne prévoyait pas d?aides directes aux banques. De son côté, le président de la Bundesbank Jens Weidmann a estimé que « tant que la supervision bancaire demeurait au niveau nationale, il en était de même de la responsabilité de recapitaliser les instituts financiers ». Et le chef de la Buba de rappeler que l?aide du MES est lié à des conditions macroéconomiques.

Montants disponibles

Dernier problème : la taille du MES que l?on sait déjà insuffisante pour faire face à la chute d?un « grand » d?Europe. 500 milliards d?euros sont disponible aujourd?hui. S?il faut piocher dans cette somme pour sauver des banques, que restera-t-il pour les Etats ? Et au final, la confiance n?en sera-t-elle pas affaiblie ? Les derniers stress tests européen début décembre avaient révélé un besoin de recapitalisation de 114 milliards d?euros pour les banques de la zone euro, dont 26 milliards d'euros pour la seule Espagne.

Alliance du nord

Selon la Süddeutsche Zeitung, Berlin n?est pas isolé dans son refus catégorique de modifier les tâches du MES : Pays-Bas, Autriche et Finlande soutiendraient aussi cette position. Un nouveau front s?ouvre donc entre les pays de la zone euro, auquel pourrait s?ajouter à partir du 6 mai celui sur la modification du traité budgétaire voulu par François Hollande. Plus que jamais, la zone euro semble tirée à hue et à dia.